Facturation électronique : les entreprises entrent dans la dernière phase de préparation

Le compte à rebours est lancé. Après plusieurs années de reports, la généralisation de la facturation électronique dans le secteur privé est bel et bien confirmée. Cette fois, il n’y aura pas de retour en arrière. À compter de septembre 2026, toutes les entreprises devront pouvoir réceptionner des factures électroniques au format structuré. Pour certaines, l’obligation d’émission interviendra même dès cette date. Une évolution majeure qui appelle dès maintenant à la préparation.

Une réforme confirmée sans nouveau report

La réforme de la facturation électronique, initialement prévue pour 2023, avait déjà été repoussée à deux reprises. Le dernier amendement, voté en commission au Sénat pour décaler l’échéance d’un an supplémentaire, a été rejeté par l’Assemblée nationale. La date de septembre 2026 est désormais gravée dans le marbre. Un an plus tard, en septembre 2027, l’obligation s’appliquera aussi aux TPE, PME et microentreprises pour l’émission des factures.

Concrètement, les grandes entreprises et les ETI devront, dès 2026, non seulement être en capacité de recevoir les factures électroniques, mais également d’en émettre via des plateformes agréées. Ce changement majeur implique une transformation des processus comptables, mais aussi une mise à niveau des outils numériques.

La fin des factures papier ou tableur

Oubliez les fichiers Excel ou les logiciels de traitement de texte : les factures devront passer par des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP), certifiées par l’État. Ces plateformes seront chargées de faire transiter les documents de manière sécurisée entre l’émetteur et le récepteur, tout en assurant la transmission des données à l’administration fiscale.

En parallèle, le Portail Public de Facturation (PPF) a été écarté comme solution. L’État a finalement choisi de laisser le marché à des acteurs privés certifiés, après avoir constaté la complexité de la mise en place d’un portail centralisé.

Une architecture en Y complexe mais sécurisée

La France a opté pour une architecture dite en Y, à la différence du modèle Clearance retenu par des pays comme l’Italie. Ce modèle en Y repose sur une logique décentralisée : les factures transitent entre plateformes privées, sans validation préalable systématique par l’administration.

L’avantage ? Une plus grande souplesse et une répartition du risque. Contrairement au modèle centralisé où un point unique concentre toutes les données, ce modèle répartit la charge entre plusieurs acteurs, réduisant ainsi les risques de fraude ou de cyberattaque. Chaque PDP a un rôle défini : réception des factures, transmission à la plateforme du client et communication des données au fisc.

Des défis techniques à relever

Si cette réforme a connu plusieurs retards, c’est en grande partie à cause des lourdeurs techniques du projet. Initialement, la Direction générale des finances publiques avait voulu tout centraliser, e-invoicing (échange de factures) et e-reporting (transmission des données à l’administration), en une seule plateforme. Ce choix ambitieux a ralenti les développements et retardé l’ensemble du dispositif.

La décision de déléguer à des plateformes certifiées permet de fluidifier le processus, mais ne résout pas tout. Chaque entreprise doit faire un choix stratégique parmi les PDP agréées, en tenant compte de ses outils existants, de ses volumes de factures et de ses contraintes métier.

Pourquoi anticiper dès maintenant ?

Même si l’échéance peut sembler lointaine, attendre 2026 pour se mettre en conformité serait une erreur.

Les chefs d’entreprise doivent dès à présent :

  • Identifier leurs besoins spécifiques en matière de facturation,
  • Auditer leur système actuel,
  • Évaluer les PDP disponibles et entamer les tests d’intégration.

Les retards techniques sont encore fréquents. S’y prendre tôt, c’est s’assurer une transition en douceur, sans stress ni pénalités.

Par ailleurs, cette réforme peut aussi être une opportunité de modernisation. En automatisant la gestion des factures, vous pouvez gagner du temps, réduire les erreurs et mieux suivre vos flux financiers.

Un enjeu de conformité et de compétitivité

Au-delà des contraintes réglementaires, cette réforme s’inscrit dans un mouvement global de digitalisation des processus administratifs. La facture électronique va devenir un standard, à l’image de ce qui se fait déjà dans le secteur public ou dans d’autres pays européens.

Les entreprises qui anticipent et s’adaptent vite auront un avantage :

  • plus de réactivité,
  • une meilleure traçabilité des opérations,
  • une image modernisée auprès de leurs partenaires commerciaux.

La transformation numérique, même lorsqu’elle est imposée, peut ainsi devenir un levier de croissance.