Zone euro : les prévisions de croissance revues à la hausse

Selon plusieurs économistes, dont ceux de la banque américaine Goldman Sachs, la zone euro devrait éviter la récession en 2023. Les prévisions de croissance ont été revues à la hausse, grâce à différents facteurs comme le niveau élevé des stocks de gaz, la résistance de la consommation des ménages ou encore la vitalité du marché du travail.

Niveau élevé des stocks de gaz et baisse des prix de l’énergie

Pour la première fois depuis longtemps, la menace d’une baisse du PIB de la zone euro en 2023 semble s’éloigner. Plusieurs économistes revoient leurs prévisions de croissance à la hausse, à l’instar des économistes de la banque de Wall Street Goldman Sachs, qui anticipent désormais une croissance de 0,6 % en 2023 pour la zone euro. En décembre, ils prévoyaient une récession de 0,1 %.

En dépit de la crise énergétique, ils tablent sur une croissance de 0,1 % au premier trimestre 2023, avec une progression plus marquée pour l’Espagne et la France que pour l’Italie et l’Allemagne, en raison notamment de la plus grande diversification de leurs sources d’approvisionnement énergétique.

 

Différents facteurs expliquent cette légère embellie, à commencer par le niveau élevé des stocks de gaz en Europe. Les températures clémentes ont entraîné une baisse de la demande, et les importations de gaz naturel liquéfié ont augmenté de 60 % par rapport à 2021. Par conséquent, le stockage en gaz a atteint 88 % en décembre 2022, un niveau inédit pour cette période de l’année.

Face à la pénurie de gaz, le secteur européen de l’industrie a été l’un des plus réactifs, réduisant sa consommation ( -15 % pour l’industrie allemande) tout en augmentant de 1 % sa production en novembre. La crainte de coupures d’électricité s’éloigne, et les prix du gaz sont en baisse.

L’inflation marque le pas tandis que la consommation résiste

La baisse des prix de l’énergie a permis à l’inflation de marquer le pas en décembre pour le deuxième mois consécutif. Elle était de 9,2 % sur un an en décembre dans la zone euro, contre 10,1 % en novembre et 10,6 % en octobre.

La désinflation semble s’amorcer sans que l’économie réelle flanche, comme l’illustre l’exemple de l’Allemagne. Bien qu’il s’agisse du pays de la zone euro le plus menacé économiquement par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, son PIB n’a pas reculé comme beaucoup le craignaient, mais stagné au 4ème trimestre 2022 et enregistré une légère progression de 1,9 % sur l'ensemble de l'année.

Le surplus d’épargne accumulé par les ménages entre le début de la pandémie de Covid-19 et la fin de l’année 2021 a permis à la consommation de résister. Par ailleurs, les différentes mesures des gouvernements de la zone euro en faveur du pouvoir d’achat ont également contribué à soutenir la consommation.

Quant au marché du travail, il conserve sa vitalité dans la zone euro, qui comptait au 3ème trimestre dernier 3 millions d’emplois supplémentaires par rapport aux chiffres pré-Covid, fin 2019. Le niveau d’emploi excède de 2 % celui d’avant la crise sanitaire, et le taux de chômage, de 6,5 %, est à son niveau le plus bas depuis 30 ans.

Mais paradoxalement, cette situation fait craindre une boucle prix-salaire : les tensions sur le marché du travail risquent de favoriser une augmentation des salaires dans un contexte inflationniste, ce qui en retour accélèrerait encore l’inflation. La Banque centrale européenne pourrait alors être amenée à durcir davantage ses conditions monétaires.