Les banques de Wall Street envisagent de quitter l’alliance climatique de Mark Carney

Les principales banques américaines, dont Morgan Stanley, Bank of America et JP Morgan, menacent de quitter la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), l’alliance financière pour le climat présidée par Mark Carney. Elles redoutent d’être poursuivies en justice si elles se soumettent aux engagements fixés par la coalition.

Décarboner l’économie mondiale

La Glasgow Financial Alliance for Net Zero, créée l’an dernier lors de la 26ème conférence des Nations Unies sur le climat et présidée par l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney, regroupe 500 établissements financiers qui représentent plus de 130 milliards de dollars d'actifs.

Cette coalition de compagnies d’assurance, de banques et de gestionnaires d’actifs poursuit l'objectif « zéro émission nette » établi par l'ONU, et s’engage en faveur de la décarbonation de l’économie à l’échelle mondiale.

Au cours de l’été, l’alliance financière pour le climat a mis à jour les critères que les établissements financiers doivent remplir pour faire partie de la coalition. Parmi ces exigences, figure l’absence de soutien à de nouveaux projets en lien avec le charbon, et la mise en place d’un plan de transition d’ici la fin du 1er semestre 2023 pour mettre un terme au financement des combustibles fossiles.

La crainte de poursuites judiciaires

Certains membres de la coalition, dont les banques de Wall Street, Morgan Stanley, Bank of America et JP Morgan, disent avoir été prises au dépourvu par l’évolution de ces critères, et redoutent des poursuites judiciaires si elles cessent de financer de nouveaux projets de charbon.

Ces poursuites pourraient être initiées par des États américains comme le Texas ou la Virginie-Occidentale, qui attendent de la part des établissements financiers un soutien à l’industrie des énergies fossiles.

Les banques américaines sont également préoccupées par la Securities and Exchange Commission des États-Unis, qui prévoit de durcir les règles « concernant les divulgations de risques climatiques », explique le Financial Times.

En effet, la SEC « exigera bientôt des divulgations officielles dans ses rapports annuels sur la gouvernance, la gestion des risques et la stratégie en matière de changements climatiques », et les entreprises seront tenues responsables de leurs engagements et objectifs.

Les banques américaines continuent à financer le charbon

Selon le Financial Times, les banques membres de l’alliance financière pour le climat refusent depuis le début « de mettre fin immédiatement au financement de tous les nouveaux projets d’exploration pétrolière, gazière et charbonnière ».

Un constat partagé par l’ONG Reclaim Finance, qui révèle dans un récent rapport que les grandes banques américaines continuent à investir « des milliards de dollars dans des entreprises qui développent de nouvelles mines, centrales et infrastructures charbon ».

Reclaim Finance pointe tout particulièrement « les nombreuses transactions de soutien aux développeurs de charbon » effectuées après que ces banques ont rejoint la Net Zero Banking Alliance.

Depuis 2019, les banques Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup, Bank of America et JP Morgan auraient ainsi, selon le rapport, « collectivement fourni 40 milliards de dollars aux développeurs de projets charbon ».

D’après Reclaim Finance, si les banques américaines ont bel et bien cessé « de fournir des financements dédiés aux nouveaux projets de charbon », l’impact est quasi nul. Et pour cause : « la majeure partie de leurs financements au secteur du charbon est fournie par le biais de financements d’entreprises pour lesquels les banques américaines ont des critères de restriction très souples ».

 

 

En continuant à accorder des prêts à des entreprises comme Adani, Mitsubishi ou Glencore, « qui figurent parmi les plus grands développeurs charbon », les banques américaines poursuivent indirectement le financement des énergies fossiles, ce que Cynthia Rocamora, chargée de campagne finance privée chez Reclaim Finance, qualifie de « véritable hypocrisie climatique ».