La réforme avance à grands pas, mais les entreprises, elles, avancent… à petits pas. Depuis l’annonce de la généralisation de la facture électronique, le mot d’ordre semble être : prudence. Et pour cause : près de la moitié des entreprises françaises se déclarent encore mal préparées. Un constat alarmant, mais révélateur d’une réforme souvent perçue comme purement technique, alors qu’elle impacte en profondeur les process financiers et organisationnels. Et si c’était le moment de passer à l’action ?
Une réforme sous-estimée… et pourtant majeure
D’après une étude menée à l’été 2024 par Ipsos, Sopra Steria Next et Kolecto, 41 % des entreprises interrogées expriment leur inquiétude face à cette réforme fiscale d’ampleur. Trop souvent encore, les dirigeants voient dans la facture électronique une simple mise à jour informatique. Un malentendu qui peut coûter cher en termes de temps, d’argent… et de conformité.
La réalité est plus vaste : cette réforme touche au cœur des flux de facturation, de la structure des données aux processus d’envoi et de réception. C’est un chantier transversal, qui requiert un véritable audit préalable des pratiques internes. Et ce n’est pas un détail : une facture rejetée pour numéro de TVA erroné, Siren mal renseigné ou structure incohérente, c’est une facture non comptabilisée… et un retard de trésorerie.
Données : un socle à fiabiliser d’urgence
Le défi numéro un ? La qualité de la donnée. Pour réussir cette transition, les entreprises doivent s'assurer que leurs bases clients, fournisseurs et produits soient à jour. Comme le rappelle Rémi Gouyet, avocat spécialiste de la dématérialisation fiscale, les plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) ne sont pas là pour « réparer » les données. Elles récupèrent ce qui leur est transmis, point. D’où la nécessité, en amont, d’une vérification minutieuse : numéro de TVA valide, dénomination conforme, structure des fichiers propres.
International, multi-taux, exonérations : les cas pièges
Au-delà de la qualité des données, ce sont les cas particuliers qui représentent le plus grand défi. La réforme, en cherchant à automatiser le pré-remplissage des déclarations de TVA, impose une précision chirurgicale dans les pratiques.
Premier écueil : la gestion des multi-taux. Certaines ventes comportent plusieurs taux de TVA… et il suffit d’une confusion pour générer une erreur qui affectera toute la chaîne. Autre point de vigilance : les exonérations. De nombreuses factures internationales doivent comporter des mentions spécifiques du Code général des impôts (CGI). Un oubli ou une mauvaise référence peut entraîner une non-conformité.
Les zones grises du e-reporting
L’e-reporting, soit la transmission de données à l’administration fiscale en dehors du cadre strict des factures, reste un terrain flou. Les règles précises varient selon les secteurs d’activité, et certains arbitrages réglementaires sont encore attendus. Malgré cela, le calendrier de mise en œuvre reste inchangé.
Il est donc indispensable de s’informer en temps réel, de se former ou de se faire accompagner.
Notes de frais : un casse-tête pas si anecdotique
Autre sujet souvent sous-estimé : les notes de frais. Quand doivent-elles être intégrées dans le circuit de facturation électronique ? Tout dépend du nom indiqué sur la note. Si la dépense est réalisée au nom de l’entreprise (par exemple, une note de restaurant de plus de 150 €), une facture électronique s’impose. En revanche, si la note est au nom du salarié, il ne s’agit plus d’une relation entre deux assujettis à la TVA, et la facture électronique n’est pas requise… mais les données doivent tout de même être transmises à l’administration.
Cette nuance semble anodine, mais elle peut compliquer considérablement la gestion interne si l’entreprise n’a pas bien structuré ses process ou sensibilisé ses équipes. Un sujet à anticiper dans une démarche globale de digitalisation.
Une transition à construire dès maintenant
Le compte à rebours est lancé, et il serait risqué d’attendre le dernier moment pour se mettre en conformité. Anticiper, fiabiliser, se former, tester… les étapes sont nombreuses, mais pas insurmontables. La clé réside dans une approche proactive et transversale, à tous les niveaux de l’organisation.
Chez Anytime, nous soutenons les dirigeants dans cette transformation numérique à travers des outils de pilotage modernes pensés pour simplifier la gestion quotidienne des flux et fiabiliser les données à la source, et des solutions de paiement simplifiées.