En 2024, les retards de paiement entre entreprises repartent à la hausse, mettant en péril la trésorerie de nombreuses PME et micro-entreprises. Pour faire face à ce fléau récurrent, la ministre Véronique Louwagie annonce un durcissement des contrôles et un relèvement possible des sanctions financières, jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires mondial des mauvais payeurs.
Un mal persistant qui fragilise les plus petites entreprises
Alors qu’un léger mieux avait été observé en 2023, le rapport annuel 2024 de l’Observatoire des délais de paiement révèle une nette dégradation de la situation. Le retard moyen atteint désormais 13,6 jours à la fin de l’année 2024, soit une journée de plus qu’en 2023, et reste supérieur à la moyenne européenne.
Mais le plus préoccupant est ailleurs : ce sont les plus grandes entreprises qui tirent les statistiques vers le bas. Les structures de plus de 1 000 salariés affichent un retard moyen de 18 jours. En comparaison, les petites entreprises se montrent beaucoup plus vertueuses : plus de deux PME sur trois règlent leurs factures en moins de 60 jours, contre seulement une sur deux parmi les grandes structures.
Ce décalage n’est pas sans conséquences : au total, les retards de paiement représenteraient près de 15 milliards d’euros de trésorerie bloquée pour les PME et les micro-entreprises, pesant directement sur leur capacité à gérer leur compte professionnel de manière fluide et prévisible.
Des retards lourds de conséquences pour les chefs d’entreprise
Pour un chef d’entreprise, chaque jour de retard peut peser lourd : découverts bancaires, impossibilité d’honorer les salaires, tension avec les fournisseurs…
En période d’inflation et de taux d’intérêt élevés, ces retards peuvent être le grain de sable qui enraye toute une mécanique bien huilée.
Les services publics en progrès sauf à l’hôpital
Du côté de l’État, les efforts semblent porter leurs fruits. Les services publics paient en moyenne sous 14,2 jours et 9 règlements sur 10 sont effectués sous 30 jours. Les collectivités locales s’améliorent également, bien que des disparités subsistent d’une région à l’autre.
Mais le tableau s’assombrit du côté des établissements de santé. En métropole, les hôpitaux mettent en moyenne 63,4 jours à honorer leurs paiements. Et en Outre-mer, ce chiffre grimpe jusqu’à 121,5 jours. Un record peu enviable, loin du délai réglementaire.
La DGCCRF intensifie ses contrôles
Face à cette situation, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ne reste pas les bras croisés. En 2024, elle a augmenté ses contrôles, avec un bond de 18,5 % des anomalies relevées.
Ces contrôles ne se limitent pas aux sanctions : ils s’accompagnent d’un travail pédagogique mené par l’Observatoire des délais de paiement. Un guide de bonnes pratiques a ainsi été publié à destination des entreprises publiques comme privées, pour encourager une culture de paiement responsable.
Un signal politique fort : vers des sanctions plus lourdes
La ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises et de l'Économie sociale et solidaire Véronique Louwagie ne mâche pas ses mots. Pour elle, il s’agit d’une "question de justice économique". Dans son communiqué de presse, elle résume la situation : « Les PME sont les premières à payer et les dernières à l'être. »
Elle annonce vouloir renforcer les contrôles et propose de revoir à la hausse les sanctions financières. Le plafond pourrait atteindre 1 % du chiffre d’affaires mondial des entreprises qui ne respectent pas les délais. Une mesure symboliquement forte qui viserait en particulier les grandes entreprises souvent pointées du doigt.
En tant que dirigeant de TPE PME, vous êtes en première ligne. Les délais de paiement, lorsqu’ils s’allongent, mettent en péril vos marges, votre solvabilité, et parfois même la pérennité de votre activité. Cette annonce ministérielle doit donc être vue comme une opportunité à double titre :
- D’abord, parce qu’elle pourrait redonner un peu d’oxygène aux petites structures qui font preuve de discipline.
- Ensuite, parce qu’elle rappelle à tous les acteurs économiques, petits ou grands, l’importance de respecter les règles du jeu.
L’État se montre plus offensif face aux retards de paiement, fléau chronique qui grève les trésoreries des petites entreprises. En ligne de mire : les grandes entreprises trop lentes à payer et les établissements publics en difficulté. La volonté politique est affichée, les contrôles se renforcent, et les sanctions pourraient prochainement être alourdies.
Pour les chefs d’entreprise, c’est le moment de rester vigilants, de s’organiser et de faire valoir leurs droits. Car la bonne santé financière d’un tissu économique repose d’abord sur la confiance et le respect des délais.