Pôle emploi : vers une ouverture à la concurrence pour réduire le chômage ?

Dans une récente note, le Conseil d’analyse économique propose d’« organiser la concurrence entre des prestataires choisis par le service public pour l’emploi », pour accompagner les TPE et les PME dans les différentes phases de recrutement. Les objectifs étant de réduire les difficultés à recruter des entreprises, de baisser le chômage et de développer de nouveaux services chez Pôle emploi.

Intensifier l’effort de recherche : une mesure insuffisante pour le recrutement

D’après le Conseil d’analyse économique (CAE), l’accompagnement des TPE et des PME dans leurs actions de recrutement est un des principaux leviers de la poursuite de la baisse du chômage. Sans remettre en cause l’efficacité de Pôle emploi, les économistes évoquent la possibilité d’une mise en concurrence avec des prestataires privés spécialisés dans le recrutement.

De la même manière que les agences d’intérim peuvent, grâce à un accord signé en 2021 pour une durée de 3 ans, avoir accès au fichier des demandeurs d’emploi de Pôle emploi, le CAE imagine un accès semblable pour des prestataires soumis au préalable à une certification.

Selon le CAE, la réforme de l’assurance chômage vise « à intensifier l’effort de recherche des demandeurs d’emploi », et des mesures ont été prises en matière d’accompagnement des chômeurs. Toutefois, « l’accompagnement et l’intensification des efforts de recherche des demandeurs d’emploi ne sauraient suffire ».

En effet, d’après les économistes, mettre l’accent sur la recherche d’emploi des demandeurs n’est pas suffisant, car ces efforts de recherche « augmentent la congestion sur le marché du travail ».

 

La piste d’un marché de l’accompagnement des entreprises dans leurs difficultés à recruter

Les économistes à l’origine de cette note du CAE « Le marché du travail français à l’épreuve de la crise sanitaire » préconisent une piste considérée comme « plus fructueuse », qui serait de développer des « interventions ciblées » auprès des employeurs. Ils citent l’exemple de Pôle emploi, dont l’efficacité des services d’aide au recrutement destinés aux entreprises a été prouvée.

Parmi les services proposés aux entreprises, « les aides à la sélection et à la vérification des profils des candidats » ont rencontré beaucoup de succès, ce qui démontre que les entreprises ont du mal à obtenir certaines informations, comme « le degré de maîtrise des compétences affichées par les candidats », ou encore « leur adéquation avec le métier ou l’environnement de travail proposé ».

D’après le CAE, rendre ces informations plus accessibles aux entreprises permettrait donc que les postes restent vacants moins longtemps, et favoriserait également la « création de nouveaux emplois ».

Les TPE et les PME, qui ne disposent souvent pas des moyens nécessaires pour investir de façon conséquente dans les ressources humaines, sont les plus susceptibles d’avoir des difficultés à obtenir ces informations, ce qui explique en partie leurs difficultés de recrutement. Le CAE propose donc que « l’effort public supplémentaire » cible en priorité les TPE et les PME.

Les économistes évoquent la possibilité « de s’appuyer sur les compétences développées par Pôle emploi », « en renforçant les moyens humains à sa disposition ou en externalisant une partie de ce service à des prestataires privés ».

Selon eux, une des pistes à retenir serait l’organisation, par le service public de l’emploi, d’un « marché de l’accompagnement des entreprises », qui mettrait plusieurs prestataires, dont Pôle emploi, en concurrence.

La mise en place d’indicateurs de performance, accessibles aux entreprises, permettrait à ces dernières de faire un choix éclairé, et le service public de l’emploi pourrait ainsi développer davantage de services liés au recrutement.