Les escroqueries aux faux livrets d’épargne et aux cryptomonnaies explosent

Dans son rapport annuel 2021, le Pôle commun Assurance Banque Epargne de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) met en garde contre l’augmentation des arnaques aux produits financiers, et plus particulièrement contre les escroqueries aux cryptomonnaies et aux faux livrets d’épargne.

Arnaques aux cryptomonnaies : un préjudice moyen de 40 000 euros

En 2021, le Pôle commun de l’AMF et de l’ACPR a ajouté plus de 1300 sites et établissements frauduleux sur ses 5 listes noires, portant leur nombre total à plus de 3860 noms à la fin de l’année dernière. En 2019, seuls 500 sites ou entités avaient été ajoutés à ces listes, et plus de deux fois plus en 2020 (+1200 sites et entités).

 

Désormais, la moitié des arnaques reposent sur l’usurpation d’identité de professionnels existants, ce qui « lèse à la fois les consommateurs et les acteurs usurpés », explique le rapport annuel du Pôle commun.

Depuis le début de l’année 2022, le rythme des escroqueries ne faiblit pas. 248 nouveaux sites et entités ont été ajoutés aux listes noires de l’AMF et de l’ACPR sur le seul 1er trimestre, et le montant moyen des préjudices causés par des arnaques aux cryptomonnaies s’élève à 40 000 euros, contre 20 000 euros sur la même période en 2021.

Les escrocs ciblent notamment les jeunes, parfois via des influenceurs, sur les réseaux sociaux comme TikTok. Ils font croire à de faux investissements en cryptomonnaie, ou à des « livrets crypto » frauduleux annonçant des rendements très élevés.

 

De faux livrets aux rendements alléchants

En parallèle, les escroqueries aux faux livrets d’épargne se multiplient également, avec un montant moyen de préjudice de 72 000 euros.

Là encore, les épargnants sont attirés par des promesses de rendements très élevés, le plus souvent au-delà de 4 %. Les escrocs profitent du phénomène de surépargne observé durant la pandémie de Covid-19, qui a incité les ménages à chercher de nouveaux produits financiers, plus rémunérateurs, pour placer leur argent.

La confusion entre les vrais livrets d’épargne et les livrets frauduleux est d’autant plus facile que l’emploi du terme « livret » n’est pas réglementé. Il peut être utilisé abusivement, y compris par des acteurs pourtant enregistrés auprès des autorités financières.

Les escroqueries aux livrets d’épargne sont regroupées par le Pôle commun Assurance Banque Epargne avec les fraudes aux opérations de paiement et d’assurance et les arnaques aux crédits, qui représentent en tout 90 % des escroqueries répertoriées par les autorités sur l’ensemble de l’année 2021.

La plus importante escroquerie au livret frauduleux a atteint la somme de 600 000 euros. Preuve que toutes les catégories de la population sont concernées, des plus aisées aux plus fragiles. L’âge moyen des victimes de fraudes est un peu plus élevé que l’âge moyen des Français, et la région sud-est compte un grand nombre de cas.

Ces données ne sont toutefois pas forcément significatives. En effet, comme le souligne Benoît de Juvigny, secrétaire général de l'AMF, de nombreuses victimes se sentent honteuses d’avoir été piégées, et préfèrent se taire plutôt que d’alerter les autorités.

L’AMF et l’ACPR ont mis sur pied une nouvelle campagne de prévention destinée aux réseaux sociaux, sur le thème « Ne faites pas sur internet ce que vous ne feriez pas dans la vraie vie ». Ces vidéos visent à protéger les épargnants des escroqueries aux produits financiers, de plus en plus nombreuses.