Les autorités financières s’attaquent à WhatsApp

Les services de messagerie cryptés comme WhatsApp, Signal, Telegram ou Zoom, dont l’usage est interdit dans les grandes banques d’investissement, sont dans le viseur des autorités financières en Europe et aux Etats-Unis.

L’utilisation de messageries cryptées, motif de licenciement

Dans les grandes banques d’investissement, l’utilisation des services de messagerie cryptés est à lui seul un motif de licenciement.

Des employés de HSBC et de Credit Suisse en ont récemment fait les frais : chez HSBC, c’est un trader londonien qui a été renvoyé après que son smartphone personnel a été analysé, tandis que Credit Suisse a démis de ses fonctions un banquier ayant utilisé une application de messagerie non autorisée pour échanger avec ses clients.

Dans les deux cas, aucune fraude ou tentative de fraude n’avait été décelée, mais la seule utilisation de ces messageries cryptées constituait un motif suffisant pour permettre le licenciement.

Il faut dire que les grandes banques d’investissement, comme HSBC et Credit Suisse mais aussi Bank of America, Goldman Sachs, Citi ou Morgan Stanley, subissent la pression des autorités financières.

Au mois de mai, la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur des marchés financiers des Etats-Unis, a ainsi demandé aux banques de saisir plus d’une centaine de smartphones appartenant à des employés.

L’objectif : vérifier les communications passées depuis ces services de messagerie cryptés, pour savoir si des informations portant sur des transactions avaient circulé par ce biais.

 

Une vigilance américaine et européenne

En décembre dernier, la banque américaine JP Morgan avait même dû se résoudre à payer une amende de 200 millions de dollars pour n’avoir pas pu garder la trace de dizaines de milliers de messages échangés par une centaine de salariés, notamment via WhatsApp, entre début 2018 et fin 2020.

La banque JP Morgan avait été condamnée à payer 125 millions de dollars à la Securities and Exchange Commission et 75 millions de dollars à la CFTC, l’autorité américaine en charge de la surveillance des marchés de produits dérivés. La banque avait également dû licencier un trader et réduire les bonus d’une dizaine d’employés.

Les autorités financières européennes sont également aux aguets, et des enquêtes semblables à celles de la SEC ont été lancées par la BaFin, l’Autorité fédérale de supervision financière allemande, et par la Financial Conduct Authority (FCA), le régulateur britannique.

En France, les deux grandes banques d’investissement Société Générale et BNP Paribas, qui sont également présentes aux Etats-Unis, sont soumises au contrôle de la SEC même en dehors du territoire américain.