L’Inde, réservoir de fintechs dynamiques

L’Inde compte de nombreuses fintechs proposant des services financiers aux entreprises comme aux particuliers. Si ces startups sont en pleine croissance, notamment dans le secteur du paiement instantané, aucune d’entre elles n’est cependant rentable à ce jour.

200 milliards de dollars de chiffre d'affaires d'ici 2030

D’après une étude du cabinet de conseil BCG parue en août 2022, l’Inde compte 7460 fintechs, ce qui en fait le 3ème plus grand écosystème Fintech à l’échelle mondiale. Depuis 2019, le nombre de fintechs indiennes a augmenté de 20 % par an, et on recense désormais parmi elles 23 licornes, contre 8 en 2020.

Selon les estimations de GP Bullhound, spécialiste du conseil en levées de fonds, les fintechs indiennes devraient réaliser 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires d'ici 2030. Depuis le mois de janvier 2017, elles ont capté 14 % des fonds levés par l’ensemble des fintechs, tous pays confondus, soit 29 milliards de dollars.

Leur taux d’adoption, de 87 %, est le plus élevé au monde, largement supérieur à la moyenne mondiale qui est de 64 %. Les services proposés par les fintechs indiennes sont variés, allant des paiements aux prêts en passant par la gestion des finances personnelles et les plateformes d’investissement.

Le succès des fintechs spécialisées dans le paiement instantané

Les fintechs indiennes sont particulièrement dynamiques dans le domaine du paiement mobile instantané. Dès 2016, le lancement de la plateforme de paiements instantanés UPI (pour Unified Payment Interface) a changé la donne. Ce projet, à l’initiative de la Banque centrale indienne, de la National Payments Corporation of India (NPCI) et de l’Association des Banques indiennes (IBA), avait pour ambition de faire reculer l’utilisation des espèces au profit des paiements électroniques.

Peu à peu, des applications tierces ont vu le jour pour faire le lien entre les 300 banques participantes, et assurent aujourd’hui la quasi-totalité des transactions effectuées sur cette plateforme, à hauteur de 93 % de leur valeur totale contre seulement 7 % pour les banques.

En Inde comme partout ailleurs, la pandémie de Covid-19 a contribué au recul des espèces, participant ainsi au succès de l’UPI qui a enregistré une hausse des transactions de 75 % entre 2020 et 2021. D’ici 2026, les paiements numériques devraient représenter 1 transaction sur 2 dans le pays. 135 milliards de dollars de transactions ont été enregistrés sur la plateforme UPI au mois de juin, soit 9 fois plus que les transactions au moyen de cartes de crédit.

Au total, les fintechs indiennes spécialisées dans le paiement mobile instantané, comme PhonePe ou Paytm, représentent à elles seules la moitié de la valorisation des fintechs du pays. PhonePe est la fintech indienne ayant la plus forte valorisation, avec 11 milliards de dollars et 165 millions d’utilisateurs mensuels revendiqués, soit une hausse de la clientèle de 32 % par rapport à l’an dernier. L’activité des néobanques est également en progression, à l’instar de NiyoX dont le nombre de clients a augmenté de 60 % en un an, passant de 2,5 à 4 millions.

Le gouvernement indien, qui multiplie les efforts en faveur de l’inclusion financière à destination de millions d’Indiens non bancarisés, compte sur le réseau de fintechs pour parvenir à ses fins. Celles-ci ont toutefois quelques défis à relever : elles doivent faire face à une baisse des financements et prouver qu’elles peuvent atteindre la rentabilité – ce qui n’est le cas pour aucune d’elle à l’heure actuelle – afin de rassurer les investisseurs.