European Payments Initiative abandonne son projet de système européen de paiement par carte

Alors qu’une trentaine d’acteurs étaient engagés dans le projet européen des paiements, ils ne sont plus que 13 participants, obligeant la société intérimaire EPI (European Payments Initiative) à adapter son champ d’action et ses objectifs à cette nouvelle dimension. Alors que le système européen de carte est abandonné, les projets de paiement instantané et de portefeuille numérique sont maintenus.

Abandon de plusieurs acteurs majeurs

L’EPI est contraint d’abandonner un de ses objectifs majeurs qui reposait sur la création d’un nouveau schéma card, un système de paiement par carte destiné à remplacer tous les réseaux (schemes) nationaux en Europe et à réduire la dépendance des banques européennes à Visa ou Mastercard qui gèrent la majorité des paiements transfrontaliers en Europe.

Après les banques espagnoles qui avaient déjà émis des réserves en 2021 et défendu leur propre système de paiement instantané, Bizum, lancé en 2016, le coup de grâce a récemment été porté par le géant allemand DZ Bank. L’organe central de la fédération des banques coopératives allemandes (BVR) prive le projet des 30 millions de clients qu’il détient outre-Rhin.

Cette nouvelle rétractation retarde la phase d’exécution du projet EPI et a des conséquences sur l’investissement initialement prévu. D’un montant moyen de 1,3 milliard d’euros répartis entre tous les actionnaires, celui-ci devra être revu à la baisse.

Les 13 banques européennes et sociétés de paiement qui ont décidé de poursuivre l’aventure, dont font partie Crédit Mutuel, BNP Paribas, BPCE, Société Générale, La Banque Postale, Crédit Agricole, la Deutsche Bank, la banque espagnole Santander et la banque néerlandaise ING, se donnent 2 mois pour mener à bien le projet.

« Avec ces établissements, nous disposons d’une bonne masse critique de clients pour avancer. Nous allons présenter le nouveau concept dans quelques semaines », rapporte Martina Weimert, dirigeante de la société EPI, au journal Les Echos.

 

Des ambitions revues à la baisse

Suite aux défections récentes de la banque allemande DZ Bank et de l’espagnole Caixa, le projet European Payments Initiative doit être redimensionné et perd notamment son volet carte, comme l’a indiqué le 24 mars dernier la directrice générale du consortium bancaire à l’AFP.

Le projet se concentre désormais sur le paiement instantané et le portefeuille numérique. Ces deux axes de développement visent principalement à répondre aux besoins des commerçants et à intégrer « les enjeux liés à l’euro numérique à venir », précise Martina Weimert.

 

Pour rappel, la Banque centrale européenne (BCE) avait annoncé, le 14 juillet 2021, le lancement de travaux d’expérimentation concernant le recours à l’euro sur des supports numériques en vue d’un déploiement à partir de 2024. Cette forme de monnaie pourrait être utilisée pour les paiements de détail, c’est-à-dire les dépenses courantes des particuliers et des entreprises. Les participants se sont donnés jusqu’à fin avril pour préciser les contours du projet de système paneuropéen de paiement malgré l’absence de plusieurs acteurs de premier ordre.