Service de paiement paneuropéen : la prudence des banques espagnoles

Si les banques espagnoles se montrent intéressées par l’initiative européenne des paiements (EPI), le nouveau service de paiement paneuropéen, elles font toutefois preuve d’une certaine réticence. Leur principale inquiétude porte sur Bizum, la plateforme espagnole de paiement commun, et sur sa future place au sein d’EPI.

L’avenir de la plateforme espagnole de paiement Bizum en question

Le nouveau service de paiement paneuropéen, European Payments Initiative (EPI), se concrétise de jour en jour. Il regroupe actuellement 22 grandes banques, de la Finlande à l’Allemagne en passant par la France, les Pays-Bas, la Belgique, la Pologne et l’Espagne. Toutes ont été invitées à approuver un engagement de 1,4 milliard d’euros pour qu’EPI puisse voir le jour dès 2022.

Si l’investissement est important, ce n’est pas pourtant pas la seule explication aux réticences manifestées par les banques espagnoles. Celles-ci ont en effet déjà investi dans Bizum, une plateforme nationale de paiement instantané entre particuliers.

Lancée en 2016, la plateforme Bizum, qui est le fruit d’une union inédite entre la quasi-totalité des banques ibériques, rencontre un franc succès en Espagne. Elle compte aujourd’hui presque 20 millions d’utilisateurs, soit près de la moitié des habitants du pays, au nombre de 47 millions.

Bizum permet aux particuliers d’effectuer des paiements instantanés par mobile en se connectant à l’application de leur banque. Nul besoin de saisir le numéro de sa carte bancaire, ou de connaître le numéro de compte du destinataire : la banque s’en charge, et l’argent est transféré en une poignée de secondes.

 

Les banques espagnoles cherchent à tirer leur épingle du jeu

La place de la plateforme Bizum, à laquelle participent 29 acteurs couvrant 96 % du marché espagnol, au sein du nouveau service de paiement paneuropéen n’a pas été clarifiée.

Pourtant, toutes les banques espagnoles ont pris part aux discussions sur la mise en place de l’initiative européenne des paiements : on y trouve ainsi BBVA, Santander, CaixaBank, ainsi que les petits acteurs réunis au sein du consortium mené par Sabadell.

Si les systèmes de paiement de certains pays perdent de plus en plus de parts de marché face aux géants du numérique, ce qui fait que les banques de ces pays sortiront de toute façon gagnantes de leur participation à EPI, ce n’est pas le cas des banques espagnoles.

Selon certains, l’initiative européenne des paiements serait davantage taillée pour la France et l’Allemagne, ce qui légitime les doutes quant au réel poids de l’Espagne dans la gouvernance du futur service de paiement paneuropéen.

En l’absence de clarification, les banques espagnoles pourraient opter pour la prudence en se retirant du projet et en le rejoignant plus tard, sans avoir pris part à son financement.