Du Covid à l’Ukraine : quelle est la situation financière des TPE et PME françaises ?

Le Conseil d’analyse économique (CAE), un centre de recherche attaché à Matignon, a mené une vaste étude pour connaître la situation financière des TPE et PME françaises, et des ménages après deux ans de pandémie de Covid-19, alors qu’une nouvelle crise liée à l’invasion de l’Ukraine produit un choc sur l’économie tricolore.

Une amélioration globale de la situation de trésorerie des TPE et PME

Pour mener son étude, le Conseil d’analyse économique a étudié de près le compte bancaire professionnel de 115 000 TPE, PME et entreprises individuelles, ainsi qu’un panel de ménages français, entre novembre 2019 et février 2022. Tous ces comptes bancaires étaient domiciliés au Crédit Mutuel Alliance Fédérale.

Il en ressort que la situation de trésorerie des entreprises « s’est nettement améliorée dans la plupart des secteurs d’activité ». Depuis quelques mois, on observe toutefois « un lent retour vers des niveaux pré-crise ».

Les aides gouvernementales, et plus particulièrement le prêt garanti par l’État, ont grandement contribué à cette amélioration de la situation de trésorerie au cours du 2ème trimestre 2020.

En ce qui concerne les encours nets, à savoir la somme des soldes des comptes bancaires après déduction des encours de dettes, la situation est restée relativement stable. Depuis le début de l’année 2021, les PME ont vu leurs encours nets moyens augmenter puis se stabiliser. Le même phénomène a été observé pour les TPE de façon un peu plus tardive, à compter de la fin 2021.

De fortes disparités selon les secteurs d’activité

Toutefois, cette situation générale ne doit pas faire oublier « une grande hétérogénéité de situations et de tendances ». Certains secteurs s’en tirent mieux, comme l’hébergement et la restauration, tandis que d’autres, notamment la construction et le transport, connaissent une évolution de leur situation de trésorerie moins positive.

« Plus encore que pour la trésorerie, le constat global sur l’évolution des encours nets cache une plus forte hétérogénéité au sein des entreprises qu’avant la pandémie », notent Étienne Fize, Hélène Paris et Marion Rault, les auteurs de l’étude du Conseil d’analyse économique. « On trouve en effet à la fois plus d’entreprises en situation “faible” et plus d’entreprises en situation “bonne” voire “très bonne” », expliquent-ils.

Par ailleurs, il existe là aussi des disparités importantes selon les secteurs d’activité. Ainsi, le nombre de TPE et de PME en situation difficile dans la construction, la communication et l’information a beaucoup augmenté, tandis que les entreprises en situation “bonne ou très bonne” sont plus nombreuses dans le secteur de l’hébergement-restauration qu’avant la crise sanitaire.

Le Conseil d’analyse économique constate que 64 % des TPE, PME et entreprises individuelles de l’échantillon n’ont pas contracté de prêt garanti par l’État sur la période allant de janvier 2021 à février 2022.

Quant aux ménages, le surplus d’épargne accumulé depuis le début de la crise sanitaire a commencé à diminuer. C’est notamment le cas des 20 % de ménages les moins aisés : « ils auraient quasiment consommé en totalité le surcroît d’épargne qui a été généré durant la crise sanitaire », observent les auteurs de l’étude du CAE « Quelle situation financière des entreprises et des ménages deux ans après le début de la crise Covid ? ».