Consommation : le paiement fractionné en plein essor

Simple à mettre en place, le paiement fractionné connaît une forte croissance depuis 5 ans, dopé par le commerce en ligne et renforcé par la Covid-19. Désormais, les autorités redoutent une hausse du taux de surendettement liée au développement de ce mode de paiement.

Régler en plusieurs fois un achat important

Le paiement fractionné est une sorte de crédit proposé par un marchand en ligne ou en magasin permettant au consommateur de régler en plusieurs fois un achat important.

En France, deux types d’acteurs dominent le marché :

  • les historiques comme Floa, Oney et Cofidis qui sont détenus par des banques ;
  • et les startups (Alma, Cresh ou Pledg).

En dehors du marché français, le suédois Klarna, l’américain Affirm et l’australien AfterPay sont les plus connus.

Un moyen de paiement accepté par plus d’un commerçant sur dix

Vêtements, jeux vidéo, appareils électriques... Le paiement fractionné est de plus en plus utilisé pour régler les achats du quotidien. Certains magasins l’acceptent même pour payer les fournitures scolaires. Il faut dire que le paiement en plusieurs fois n’impacte pas le budget du consommateur de la même façon que lorsqu’il est fait en une seule fois offrant la possibilité à ce dernier d’amortir ses achats plaisir sur plusieurs semaines.

De leur côté, les commerçants, qui sont plus d’un sur dix à accepter ce mode de paiement, peuvent l’utiliser pour booster leur chiffre d’affaires. Malgré ses avantages, le paiement en plusieurs fois ne représente que 5 % des crédits à la consommation, soit 4,5 milliards d’euros par an.

Une récente étude publiée par Deloitte précise que « les facilités de paiement fractionné se développeront fortement ces prochaines années ».

Un constat partagé par les professionnels du secteur qui s’attendent à ce que cette solution soit trois fois plus utilisée au cours des douze prochains mois. Cet essor s’explique par le fait que ces mini-crédits sont bien moins contraignants que les crédits à la consommation classiques. En effet, le consommateur n’a pas besoin de remplir un dossier de crédit. Il est donc très simple d’y recourir.

Un risque pour le surendettement des ménages

Même si les frais appliqués lors d’un paiement fractionné sont marginaux, des pénalités peuvent s’ajouter en cas de retard de remboursement. De plus, la solvabilité du consommateur comme l’existence éventuelle d’autres paiements fractionnés en cours ne sont pas vérifiés. Toutes ces raisons amènent les autorités à redouter une hausse du taux de surendettement des ménages.

Comme l’Union européenne, la France étudie la possibilité de renforcer les exigences d’engagement. Missionné sur cette question il y a quelques mois, le député Philippe Chassaing a rendu en octobre dernier un rapport parlementaire préconisant de mieux encadrer le paiement fractionné « sans attendre le vote de la directive européenne ».

De son côté, la Commission européenne suggère que le paiement fractionné et le micro-crédit soient alignés sur le cadre du crédit à la consommation. Le renforcement des conditions d’information précontractuelles et l’amélioration des règles de la solvabilité des consommateurs contenues dans la proposition de directive pourraient rendre inéligible une partie des acheteurs.