Les PRI confrontés à la problématique du « greenwashing »

Depuis leur lancement en 2006, les Principes pour l’investissement responsable (PRI) enregistrent une croissance exponentielle. Ils rencontrent un large succès, avec 3 000 signataires pour plus de 100 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Ils se retrouvent néanmoins confrontés à la problématique du greenwashing, c’est-à-dire à un engagement affiché, mais non appliqué. Pour faire face à ce risque, l’organisation a décidé de renforcer les critères minimums mis en place dès cette année.

Les PRI, une vitrine pour attirer des capitaux

Lancés en 2006 par les Nations Unies, les Principes pour l’investissement responsable sont au nombre de 6 et visent à inciter les investisseurs à prendre en compte les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans la gestion de leurs portefeuilles. Ils s’adressent à trois types de signataires potentiels : les propriétaires actifs ou « Asset Owner » qui sont par exemple des fonds de pension ou des assureurs, les gestionnaires de portefeuilles d’investissement ou « Investment Managers » qui sont des sociétés de gestion d’investissement au service de marchés institutionnels, les services professionnels partenaires.

Il apparaît aujourd’hui que certains signataires se servent des PRI comme d’une vitrine pour attirer des capitaux. Pour rappel, le greenwashing est une pratique qui consiste à afficher son engagement en faveur de l’environnement sans que cela n’ait d’impact réel. Une récente étude a montré une hausse de la collecte trimestrielle de 4,3 % en moyenne suite à la signature des PRI sur un panel de 480 fonds détenus par 82 gérants américains. Cependant, il n’y a pas eu d’amélioration moyenne de la notation des ESG. Les auteurs de l’étude ont donc conclu que certains investisseurs ont succombé à la tentation du greenwashing.

Un renforcement des critères minimums imposés aux signataires des PRI

Depuis 2018, les PRI ont adopté 3 critères que les signataires sont tenus de respecter. Ceux-ci doivent disposer d’une politique d’investissement responsable couvrant plus de la moitié des encours. Ils doivent désigner un collaborateur responsable de la mise en œuvre de cette politique. Enfin, cette politique doit être supervisée par un membre du comité exécutif. Constatant que certains critères minimums n’étaient pas respectés, l’organisation a décidé d’exclure plusieurs signataires au mois d’août 2020. « Cela ne concernera pas plus de 10 % des signataires », a indiqué Marie Luchet lors d'une visio-conférence. La responsable des PRI pour l'Europe continentale précise que d’autres raisons peuvent conduire à l’exclusion : le non-paiement de la cotisation et l’absence de publication de reporting.

Les critères minimums imposés aux signataires des Principes pour l’investissement responsable vont être revus cette année. Marie Luchet rappelle que « l'objectif n'est pas d'exclure des membres mais de les aider à s'améliorer, la philosophie des PRI n'est pas de punir mais d'accompagner ». L’organisation travaille avec eux pendant 2 ans par le biais d’un dialogue et d’un engagement avant de prendre sa décision.