Quand la BCE s'engage dans la lutte contre le changement climatique

La question du dérèglement climatique reste au cœur de la stratégie de la BCE (Banque Centrale Européenne). Sa lutte contre le changement climatique revient sur le devant de la scène avec l’approche d’une fiscalité carbone menée par les Etats.

Se concentrer sur les entreprises vertueuses

La BCE, avec le soutien de Christine Lagarde, a réaffirmé son engagement pour le climat. Elle compte principalement diriger les rachats d’actifs vers des obligations d’entreprises qui ont l’impact environnemental comme un de leurs critères d’investissement.

Concrètement, les entreprises dites « non vertueuses » pourront toujours se financer facilement au prix d’une décote négligeable et aux profits d’investisseurs moins exigeants. Toutefois, contrairement à des investissements en capital dans des projets accompagnés où l’on cherche à accélérer la transition écologique, le rachat d’actifs comme les dettes indifférenciées deviendra plus symbolique qu’efficace.

La fiscalité carbone

Pour la BCE, l’outil le plus pertinent à ce jour pour lutter contre le réchauffement climatique appartient avant tout aux gouvernements. Et c’est outil, c’est la fiscalité carbone. Ainsi avec cette taxe, chaque produit doit être intégralement redistribué aux citoyens de manière à ne pas pénaliser ni la concurrence nationale ni le pouvoir d’achat de chacun. La fiscalité carbone, c’est une distribution d’une somme constante qui compense les montants ponctionnés par le biais de la fiscalité environnementale.

Alors que de grands groupes d’assurance notamment prennent très au sérieux la question du changement climatique, d’autres continuent à faire fortune grâce aux énergies fossiles. Selon l’ex-ministre Nicolas Hulot, il existe un fort risque de « point de non-retour climatique » où tout investissement ne sera plus rentabilisé.

Le rôle des banques centrales

À l'horizon 2025-2030, investir dans les énergies fossiles va réellement faire peser un poids conséquent sur le système financier, dans les mêmes proportions que les subprimes pour le secteur immobilier qui a apporté la dernière crise financière. Pour Nicolas Hulot, les banques centrales ont une large part à jouer, une grande responsabilité à faire valoir.

C’est le rôle de la BCE de protéger la transition des souhaits et desiderata dans le secteur financier. Ainsi, la BCE devait prendre des mesures concrètes envers les banques centrales qui doivent ajuster la mise en œuvre de leur politique monétaire, plus exactement de l’évaluation de leurs actifs. La BCE pourrait, à terme, ajuster les critères d’éligibilité ou surveiller les niveaux de décote.

Les secteurs les plus polluants pourraient toujours se financer, mais avec un prêt fortement décoté dans le calcul des collatéraux au moment de refinancer les banques européennes auprès de la BCE. Cette mesure se veut ambitieuse, car elle a pour objectif d’imaginer un vrai programme de révisions du cadre opérationnel adapté aux nouvelles contraintes.

Injection directe de monnaie

Une autre solution est d’aménager des règles de refinancement des banques au guichet. Cela favoriserait les banques qui apportent des actifs non liés à des activités polluantes. Cette alternative semble plus intéressante que le ciblage des obligations rachetées. En effet, la distribution d’un montant régulier aux citoyens (entre 50 à 100 € par citoyen) est du ressort de la BCE et donc des banques centrales in fine. On parle alors de « monnaie hélicoptère » comme en parlait Milton Friedman. Un dispositif qui nécessite une coordination étroite entre tous les États de la zone euro.

À noter que les deux dispositifs, celui de l’injection directe de monnaie et de la taxe carbone, pourraient rester indépendants, l’État gère la fiscalité et les banques centrales s’occupent de la monnaie.