Pékin craint d’éventuelles sanctions américaines

Les régulateurs chinois se sont récemment réunis, avec une dizaine de représentants de banques nationales et internationales, pour trouver des solutions visant à contrer d’éventuelles sanctions américaines, similaires à celles infligées à la Russie, notamment en cas de conflit avec Taïwan. Objectif : éviter un gel des avoirs du pays à l’étranger.

Une réunion d’urgence avec les représentants des banques

L’administration chinoise a préféré prendre les devants en organisant une réunion avec des responsables de la Banque populaire de Chine et du ministère des Finances pour étudier la manière dont ils pourraient protéger les actifs du pays. Pékin craint plus particulièrement de subir les mêmes mesures prises contre la Russie à la suite de son invasion de l’Ukraine.

Garder un œil sur Taïwan

Pékin garde également un œil sur Taïwan dont elle revendique le territoire depuis des décennies. Il faut dire que depuis le début de la guerre en Ukraine, la menace semble bien plus concrète, le président chinois, Xi Jinping, avançant des arguments relativement similaires à ceux utilisés par Vladimir Poutine pour envahir l’Ukraine. L’armée taïwanaise a d’ailleurs publié il y a quelques semaines un manuel de survie en temps de guerre pour répondre aux inquiétudes des populations.

Si les Taïwanais s’inquiètent pour leur survie, la Chine craint pour le sort de ses actifs à l’étranger en cas d’invasion de l’archipel. Le pays détient notamment 1000 millions de dollars de bons du Trésor américain.

« Si la Chine attaque Taïwan, le découplage des économies chinoise et occidentale sera bien plus grave que [celui avec] la Russie, car l'empreinte économique de la Chine touche toutes les parties du monde », affirme une des sources du « Financial Times ».

Selon le général Kenneth Wilsbach, commandant des forces aériennes des États-Unis dans le Pacifique, qui rappelle que Pékin n’a jamais renoncé à récupérer Taïwan, si besoin par la force, la Chine pourrait profiter de la crise ukrainienne pour tenter un geste « provocateur » en Asie.

Des solutions similaires à celles trouvées par la Russie

Pour éviter un gel de ses avoirs à l’étranger, la Chine cherche déjà des solutions auprès des banques. Leurs représentants ont suggéré de prendre exemple sur celles mises en place par la Russie. Il s’agirait notamment d’imposer aux exportateurs d’échanger leurs revenus en devises étrangères en renminbis, ce qui permettrait à Pékin d’augmenter ses réserves locales en dollars.

Lors de la réunion, plusieurs banquiers ont néanmoins émis des réserves sur le fait que les États-Unis puissent rompre les liens économiques avec la Chine. Si la Chine n’a pas envie d’être entraînée dans un conflit qui pourrait dégrader encore un peu plus ses relations avec l’Europe et les États-Unis, ces dernières semaines, elle a pourtant soutenu les revendications de la Russie. Ainsi, quelle que soit sa position, Pékin ne pourra pas jouer éternellement les équilibristes et devra faire un choix : adhérer aux sanctions occidentales ou aider la Russie à les éviter.