Livret A : pourquoi les ménages continuent à privilégier l’épargne sans risque

D’après les premières estimations, les ménages français ont massivement opté pour l’épargne sans risque en 2021, tout comme en 2020. Les différents livrets d’épargne réglementée, à commencer par le Livret A, ont eu les faveurs des épargnants, qui ont également conservé leur épargne sur leurs comptes courants. Les comportements devraient rester identiques en 2022. Explications.

Épargne : les ménages français peu enclins à la prise de risque

En dépit des faibles taux de rendement, les Français ont préféré placer leur épargne sur des livrets réglementés, notamment le Livret A, privilégiant ainsi la sécurité. Selon les prévisions du cabinet d’analyse économique Pair Conseil, la hausse de cette épargne dite bilancielle devrait être de 105,7 milliards d’euros, sur un montant total de 172 milliards d’euros épargnés en 2021.

L’accélération de l’inflation ne devrait pas changer la donne. D’après une étude de la banque de France publiée le 13 décembre 2021, moins d’un Français sur cinq serait prêt à prendre des risques en plaçant son argent.

Même si les actions à long terme sont plus rentables que les autres formes de placements, les ménages privilégiaient déjà l’épargne bilancielle avant la crise sanitaire, par peur du risque et par attrait pour la liquidité. Ainsi, en 2019, les dépôts bancaires représentaient 69 % de l’épargne.

Comptes courants, livrets fiscalisés et livrets réglementés

En 2021, d’après les estimations du cabinet Pair Conseil, l’épargne des ménages a été majoritairement déposée sur les comptes courants, avec une collecte de +56 milliards d’euros. Les livrets fiscalisés occupent la deuxième position, avec +29,4 milliards d’euros, suivis du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire, avec respectivement +16,5 milliards d’euros et +4,9 milliards d’euros.

Les livrets fiscalisés se placent avant les livrets réglementés. Mais pour quelle raison ? Comme le Conseil d’analyse économique l’avait révélé début 2021, le surplus d’épargne accumulé pendant la crise sanitaire provient majoritairement des ménages les plus aisés.

Fin 2020, la moitié de ce surplus d’épargne avait été accumulé par les 10 % des ménages français les plus riches. En élargissant aux 20 % des ménages les plus aisés, on obtenait 70 % de la surépargne, alors que les 20 % les plus modestes n’avaient pas du tout épargné.

Pour les ménages les plus favorisés, qui ont donc accumulé la majeure partie de l’excédent d’épargne, les livrets réglementés ont atteint leur plafond, et le surplus doit être viré sur les livrets fiscalisés, ce qui explique la position qu’ils occupent dans le classement établi par le cabinet Pair Conseil.

Ces livrets fiscalisés ont un taux moyen de 0,09 % brut, duquel il faut déduire 30 % pour la flat tax, ce qui porte leur rendement à 0,063 %. Régulièrement, des opérations commerciales boostent les taux, même si elles ont tendance à se raréfier.

Malgré ces augmentations ponctuelles, sur la durée, les livrets fiscalisés sont moins rentables que le Livret A. Son taux de 0,50 % va être revalorisé à compter du 1er février, en raison de l’inflation. Il devrait passer à 0,9 %. Quant au Livret d’épargne populaire, son taux devrait dépasser les 2 % à partir du 1er février.