Les banques européennes ne communiquent pas assez sur les risques climatiques

Selon la Banque centrale européenne (BCE), qui vient de publier une évaluation le 14 mars, les banques européennes manquent de transparence sur les risques climatiques et environnementaux. Or, ces risques sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé financière du secteur bancaire.

109 banques de la zone euro passées au crible par la BCE

La communication des principales banques de la zone euro en matière de risques climatiques et environnementaux est jugée nettement insuffisante par la Banque centrale européenne, qui menace même de rendre publique la liste des établissements omettant « de façon répétée » de publier ces risques.

Pour parvenir à cette conclusion, la BCE a évalué 109 grandes banques de la zone euro. Comme l’a déclaré dans un communiqué Frank Elderson, membre du directoire de la BCE et directeur exécutif de la supervision bancaire, « Compte tenu de l’importance, de l’urgence et de la nature durable des changements climatiques, nous demandons aux banques d’intensifier leurs efforts pour mesurer et gérer les risques climatiques et environnementaux conformément à nos attentes. »

Par ailleurs, en matière de prise en compte des risques environnementaux, les banques se limitent à la question du climat. Or, la BCE insiste sur d’autres risques, comme ceux concernant la biodiversité, la pollution et le manque d’eau.

« Les banques peuvent réaliser des économies significatives si, profitant de l’élan, elles élargissent l’éventail de leurs préparatifs pour couvrir tous ces risques et sont ainsi prêtes pour un nouvel environnement réglementaire et de surveillance plus concret », explique Frank Elderson.

Risque climatique : la BCE accentue la pression sur les banques

D’après la BCE, dans son rapport évaluant les progrès des banques vers une divulgation transparente de leurs profils de risques liés au climat et risques climatiques et environnementaux publié en mars 2022, moins d’une banque sur cinq fait preuve de transparence quant à la méthode prévue et aux critères retenus pour respecter l’objectif de limitation à 1,5 °C de réchauffement climatique prévu par les accords de Paris.

75 % des banques ne précisent pas l’impact des risques climatiques et environnementaux sur leur profil de risque, et 60 % s’abstiennent de décrire comment leur stratégie pourrait être affectée par le risque physique ou le risque de transition. Or, les conséquences financières pourraient être sérieuses pour les banques.

« Nous constatons un écart considérable entre la perception des banques quant à l’importance des risques climatiques et environnementaux qui nous est communiquée, à nous, les superviseurs, et ce que les banques choisissent de divulguer publiquement », alerte la BCE.

Selon l’institution, les banques essaient de compenser ce manque de transparence « en publiant un grand volume d’information sur des sujets écologiques », ce qui crée un « bruit blanc et aucune substance réelle sur ce que les marchés et les superviseurs veulent vraiment savoir : dans quelle mesure une banque est-elle exposée aux risques climatiques et environnementaux, et que fait-elle pour gérer cette exposition ? »

La BCE estime que, si la transparence des banques en matière d’économies d’énergie dans leurs établissements est importante, il est toutefois bien plus indispensable qu’elles communiquent sur la façon dont elles « orientent leurs activités vers des pratiques de gestion des risques qui s’harmonisent avec une économie carboneutre ».

La Banque centrale européenne insiste sur l’impact de ce manque de transparence, en rappelant que les banques s’exposent à des conséquences « juridiques et de réputation » : les clients et les investisseurs, ainsi que les autres acteurs financiers, exigent désormais des informations détaillées sur les actions climatiques menées par les banques.

L’institution rappelle que la non-divulgation d’exposition à des risques, quels qu’ils soient, « constitue une violation du règlement sur les exigences de fonds propres », renforçant ainsi la pression sur les banques. Une nouvelle évaluation aura lieu à la fin de l’année, et « des progrès importants » sont attendus d’ici là.