Le secteur de la Tech manque de candidats

La pandémie de Covid-19 et les différents confinements ont accéléré la transformation numérique des entreprises, qui ont de plus en plus besoin des services des professionnels de la Tech. Mais les recrutements au sein de la filière numérique ne sont pas suffisants pour faire face à la forte demande. Zoom sur un secteur en tension qui manque de candidats.

Des besoins accrus par la pandémie de Covid-19

Malgré des conditions de travail avantageuses et des recrutements massifs, le nombre de professionnels du numérique reste insuffisant pour répondre aux besoins des entreprises.

Des besoins qui ne cessent de croître avec l’accélération de la transformation numérique provoquée par la pandémie de Covid-19 : les profils spécialisés dans la data, le cloud et l’intelligence artificielle sont les plus recherchés, que ce soit par les grands groupes, les entreprises de services numériques, les éditeurs de logiciels ou les startups.

Ces tensions dans le secteur de la Tech ne sont pas nouvelles, mais elles sont accentuées par la prise de conscience d’un certain nombre d’acteurs traditionnels des enjeux de la numérisation. De nombreuses entreprises, qui jusqu’ici sous-traitaient à des prestataires externes les missions numériques, recrutent désormais des développeurs pour que ces projets soient traités en interne. Quant aux acteurs innovants comme les start-ups, leurs besoins augmentent constamment.

Selon Numeum, l’organisation née de la fusion du syndicat des entreprises de services du numérique et de l’association des éditeurs de logiciels, il manquerait 10 000 ingénieurs informatiques en France pour répondre à la demande. La France n’est pas le seul pays à être concerné par ce manque de candidats dans le secteur numérique, qui se constate dans le monde entier. Aux États-Unis, on estime qu’il manquera, en 2026, 1,2 million d’ingénieurs informatiques.

Rémunération, formation, environnement : les entreprises multiplient les arguments

Dans ce contexte, la récente annonce de Facebook, qui souhaite recruter 10 000 professionnels de la Tech en Europe pour son projet de métaverse, basé sur la réalité virtuelle et augmentée, inquiète beaucoup.

Dans le secteur du logiciel français, 8 éditeurs sur 10 déclarent déjà avoir du mal à recruter. Ils manquent essentiellement de développeurs, qui risquent donc d’être sollicités par la firme de Mark Zuckerberg au détriment des éditeurs de logiciels européens. Pour Facebook en revanche, l’intérêt financier est indéniable, les développeurs européens étant moins chers que ceux de la Silicon Valley.

Les sociétés de services numériques manquent cruellement, quant à elles, d’experts en intégration du logiciel d’entreprises SAP S4/Hana. D’après le directeur général de SAP en France, Frédéric Chauviré, la demande devrait continuer à augmenter : il prévoit une hausse de 8 % par an pendant les 3 années à venir.

Pour tenter d’attirer les trop rares talents du secteur de la Tech, les grands groupes proposent une rémunération plus élevée. Pourtant, l’argument n’est pas suffisant. Ainsi, Thalès, qui emploie à l’échelle mondiale plus de 30 000 ingénieurs, a vu le pourcentage de professionnels partant chaque année passer de 5 à 15 % en l’espace de quelques années.

Les grands groupes doivent en effet faire face à la concurrence des startups, qui attirent de nombreux spécialistes de la Tech, et peuvent souvent leur proposer une rémunération identique.

Si le télétravail a rendu possible, pour les employeurs, l’embauche de professionnels géographiquement éloignés, ils doivent aussi composer avec le revers de la médaille : n’importe quelle société peut recruter ces talents, qu’elle soit située en France ou à des milliers de kilomètres.

Les jeunes professionnels du numérique qui arrivent sur le marché tiennent davantage compte, plus que de la rémunération qui peut être négociée, de la dimension écologique des entreprises, et de leur offre en matière de formation continue.

Pour remédier durablement à cette pénurie de talents, c’est bien sur le volet de la formation qu’il est nécessaire de concentrer les efforts.

Actuellement, malgré un certain nombre d’initiatives visant à inciter les professionnels à se reconvertir dans le secteur numérique, et une croissance de 4,3 % en un an du nombre d’élèves ingénieurs inscrits dans la filière informatique, il reste encore beaucoup à faire pour pouvoir attirer massivement les candidats, et surtout les candidates, les femmes étant encore largement minoritaires dans les métiers de la Tech.