La Russie de plus en plus proche du défaut de paiement

Mercredi 1er juin, la Russie n’est pas parvenue à payer 1,9 million de dollars d'intérêts sur sa dette en raison des récentes sanctions américaines. Le pays se rapproche du défaut de paiement. Constaté par un comité de créanciers, cet « échec de paiement » va donner lieu à une indemnisation des investisseurs.

Un versement bloqué par les récentes sanctions américaines

Au début du mois d’avril, les États-Unis ont encore renforcé leurs sanctions à l’encontre de la Russie. Les paiements en dollars sur la dette russe provenant des comptes détenus par le gouvernement de Moscou dans les banques américaines ne sont plus acceptés depuis plusieurs semaines, et depuis la semaine dernière, la Russie n’est plus autorisée à régler aucune dette en dollars. Par conséquent, la Russie n’a pas pu procéder au paiement d’1,9 million de dollars d’intérêts sur sa dette, attendu le 26 mai.

Comme l’explique le directeur des Etudes économiques de l'IESEG School of Management, Eric Dor, la Russie « a payé les montants qu'elle devait payer à l'échéance convenue ». En revanche, les intérêts de retard n’ont pas été ajoutés, « intentionnellement ou non », à ces montants.

Ces intérêts sont liés à un remboursement d’obligations auquel la Russie s’était pliée au terme d’une « période de grâce » d’un mois. Elle avait alors versé seulement une partie des intérêts, ainsi que le capital de sa dette.

Échec de paiement et indemnisation

Un comité de créanciers, composé de banquiers et de traders, s’est réuni sous la houlette de l’ISDA, l'Association internationale des swaps et dérivés (International Swaps and Derivatives Association) qui rassemble les différents acteurs des marchés de dérivés à l’échelle mondiale.

Le comité a déclaré la Russie en « échec de paiement », ce qui donne le droit à certains investisseurs d’être indemnisés. En effet, les investisseurs qui ont acheté des Credit Default Swap (CDS), ces produits dérivés au fonctionnement proche d’une police d’assurance, ont la possibilité d’être remboursés de la totalité de leurs créances dès lors qu’un débiteur est en échec de paiement.

Le montant de l’indemnisation devrait s’élever au minimum à 3,2 milliards de dollars. Cette somme doit être versée aux investisseurs par les institutions financières qui leur ont vendu les Credit Default Swap portant sur la dette russe.

Parmi ces institutions financières, on trouve notamment PIMCO (Pacific Investment Management Company), un fonds obligataire californien. D’après les informations de Bloomberg, l’exposition de PIMCO à la dette russe par le biais de Credit Default Swap s’élève à 1 milliard de dollars.

Si les 3 grandes agences de notation, S&P Global Ratings, Moody’s et Fitch venaient à déclarer officiellement la Russie en défaut de paiement, le pays se retrouverait encore plus à l’écart du système financier mondial.