La menace de coupures et de pénuries d'énergie s’éloigne

D’après les perspectives récemment actualisées des gestionnaires de réseau de gaz et d’électricité, GRTgaz et RTE, l’hiver devrait se poursuivre sans coupures électriques ni pénuries de gaz. Même si les risques se réduisent, la situation reste toutefois soumise à des imprévus, comme l’arrivée d’une éventuelle vague de froid qui entraînerait une augmentation importante de la consommation d'énergie.

Consommation électrique en baisse et disponibilité du parc nucléaire en hausse

Le gestionnaire du réseau d’électricité RTE a publié le 18 janvier une actualisation de ses perspectives pour l’hiver 2022-2023, après une première étude menée en septembre. Selon RTE, la situation s’est considérablement améliorée par rapport au début de l’automne.

La consommation d’électricité a baissé de 8,5 % par rapport à la moyenne observée durant la période 2014-2019. Tous les secteurs d’activité ont contribué à cette baisse de la consommation électrique, qui « ne s’explique ni uniquement, ni majoritairement, par une baisse de l’activité économique dans l’industrie ».

Particuliers comme professionnels ont répondu favorablement à l’appel incitant à la sobriété énergétique, même « s’il demeure difficile de distinguer dans ce mouvement les parts respectives de sobriété choisie et de contrainte économique ».

La situation s’est également améliorée sur le plan de la production, grâce à une plus grande disponibilité du parc nucléaire, avec près de 45 GW, soit les trois quarts de la puissance maximale. Comme le prévoyait RTE en septembre, la disponibilité du parc progressera encore un peu d’ici la fin du mois, avant de diminuer courant février en raison de l’arrêt pour maintenance de 9 réacteurs.

L’amélioration de la situation a entraîné un important recul des prix, qui confirme selon RTE que « les prix pratiqués pour la France à l’été et l’automne 2022 n’étaient pas cohérents avec les fondamentaux du système et témoignaient d’une anticipation exagérée du risque de défaillance par les acteurs de marché, même en se projetant sur une situation dégradée ».

 

 

Le gestionnaire du réseau insiste toutefois sur la nécessité de poursuivre les efforts en faveur de la sobriété énergétique. Par ailleurs, même si la production nucléaire est plus importante, elle reste inférieure à ses niveaux historiques, ce qui n’autorise donc pas de retard dans la maintenance et les travaux des réacteurs.

 

 

Les stocks de gaz ont atteint un niveau record

Du côté du gestionnaire GRTgaz, le constat est également positif, comme le confirme l’actualisation des perspectives gazières pour l’hiver 2022-2023. Les stocks de gaz ont atteint un niveau record, avec 80 % au 15 janvier contre une moyenne de 55 % sur les 6 dernières années à la même date. Le risque de pénurie de gaz pour le reste de l’hiver semble donc « très improbable » selon GRTgaz.

Le risque de déficit journalier a également « quasiment disparu », même s’il existe encore un « risque résiduel sur quelques jours » si le pays était à la fois touché par une diminution des approvisionnements et une importante vague de froid.

La consommation de gaz a baissé de 12,8 % entre le 1er août 2022 et le 15 janvier 2023, depuis l’annonce du plan national de sobriété énergétique. GRTgaz a relevé à la fois une baisse de la consommation des industriels raccordés au réseau de transport (-24 %) et des clients raccordés aux réseaux de distribution (-13 %). En parallèle, les centrales électriques fonctionnant au gaz ont davantage consommé (+23,3 %) pour compenser la moindre disponibilité du parc nucléaire.

Les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont considérablement augmenté : entre le 1er novembre et le 15 janvier 2023, 87,7 TWh de GNL ont été livrés dans les terminaux méthaniers en France, ce qui représente une hausse de 41 % par rapport au précédent record à la même date. 75 % de la consommation française a reposé sur les importations de GNL entre novembre et janvier.