La faillite menace la filiale européenne de la banque russe Sberbank

Les sanctions économiques prises par l’Union européenne et ses alliés à l’encontre de la Russie, suite à la guerre en Ukraine, ont déjà mené la filiale européenne de Sberbank, l’une des principales banques russes, au bord de la faillite.

Les sanctions économiques et les retraits massifs menacent la filiale européenne de Sberbank

Le constat de la Banque centrale européenne est sans appel : lundi 28 février, quelques jours seulement après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe et la mise en place de sanctions économiques par l’Union européenne et ses alliés, la filiale européenne de la banque russe Sberbank est en « faillite ou faillite probable ».

D’après un communiqué de l’organisme de supervision bancaire de la BCE « ECB assesses that Sberbank Europe AG and its subsidiaries in Croatia and Slovenia are failing or likely to fail », « dans un avenir proche, la banque risque de ne pas être en mesure de payer ses dettes ou autres engagements à leur échéance ».

Cette situation est due à la fois aux sanctions économiques décidées par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon, mais aussi aux retraits massifs effectués par les clients russes dès le dimanche 27 février.

« Sberbank Europe et ses filiales ont connu des sorties de dépôts significatifs en raison de l’impact des tensions géopolitiques sur leur réputation », explique la BCE, ce qui « a conduit à une détérioration de sa position de liquidité ».

À l’heure actuelle, d’après la Banque centrale européenne, « il n’y a pas de mesures disponibles ayant une chance réaliste de rétablir cette position au niveau du groupe et dans chacune de ses filiales au sein de l’union bancaire ».

 

Vers une possible mise en résolution de la filiale européenne

La maison mère russe détient à 100 % Sberbank Europe AG, qui est domiciliée en Autriche et qui possède des filiales en Slovénie et en Croatie. D’autres filiales sont implantées en Serbie, en Hongrie, en Bosnie-Herzégovine et en République tchèque. Elles aussi menacées de faillite, elles sont situées en dehors de l’Union bancaire européenne et n’entrent donc pas dans la juridiction de la Banque centrale européenne.

Lundi 28 février, l’autorité autrichienne des marchés financiers (FMA) a annoncé avoir imposé un moratoire à la filiale européenne de Sberbank. Par conséquent, jusqu’au 2 mars au moins, Sberbank Europe AG ne peut effectuer aucune transaction et les déposants ne peuvent retirer que 100 euros maximum par jour.

Si les particuliers bénéficient, comme le veut la régulation européenne, d’une garantie de leurs dépôts jusqu’à 100 000 euros, ils pourraient bien perdre les sommes excédant ce plafond. Les créanciers et les actionnaires risquent également d’être perdants en cas de mise en résolution de Sberbank Europe AG.

Cette procédure, gérée par le Conseil de résolution unique (CRU), qui est l’autorité de résolution de l’Union bancaire européenne, consiste à trouver un repreneur pour les activités bancaires qui restent viables, et à mettre les autres en liquidation.

Par ailleurs, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé dimanche 27 février, en accord avec les dirigeants des pays du G7, d’interdire les transactions de la Banque centrale russe, paralysant ainsi plus de la moitié de ses réserves placées dans des banques du G7. L’objectif est d’empêcher la Russie d’accéder à ces fonds pour financer la guerre en Ukraine.