La délicate renaissance du Crédit Commercial de France

Si l’ex-Crédit Commercial de France (CCF) est auréolé d’un certain prestige, sa renaissance prochaine reste un pari risqué. La résurrection du CCF a été voulue par My Money Group, qui a racheté l’activité de banque de détail de HSBC France et se dit prêt à relever le défi.

Une banque prestigieuse rachetée en 2000 par HSBC France

Né le 15 janvier 1917 de la fusion de la Banque suisse et française, de la Maison Aynard et fils et de la Caisse de crédit de Nice, le Crédit Commercial de France a longtemps bénéficié d’une image prestigieuse, même si ce n’était pas la banque française la plus importante en termes de taille ou de parts de marché.

Ses bureaux étaient situés avenue des Champs-Élysées, dans un bâtiment construit à la fin du 19ème siècle qui abrita d’abord l’Élysée Palace, un hôtel de luxe. C’est également dans ce mythique bâtiment que fut arrêtée, en 1917, l’espionne Mata Hari. En 1922, le CCF y installa son siège, puis ce fut au tour de HSBC France de prendre le relai après son rachat de la célèbre banque française. Aujourd’hui, le bâtiment appartient au groupe LVMH, qui y a installé sa maison Dior.

En 2000, HSBC rachète la marque CCF pour 11 milliards d’euros. Il s’agissait alors de la 6ème banque française, et le groupe britannique y voyait l’occasion d’accélérer son développement dans la zone euro. Pourtant, HSBC n’a jamais vraiment réussi à s’imposer dans le paysage bancaire français, où le marché de la banque de détail est très concurrentiel.

Les plans de restructuration se sont succédé, et HSBC France a enregistré en 2020 une perte de 1,16 milliard d’euros. Le groupe souhaite désormais opérer un recentrage stratégique en Asie, et a prévu de supprimer 35 000 postes à travers le monde.

My Money Group, nouveau propriétaire du Crédit Commercial de France

C’est dans ce contexte que My Money Group, spécialiste du regroupement de crédit et filiale du fonds américain Cerberus, a décidé au mois de juin de racheter les activités de banque de détail d’HSBC France, avec pour ambition de faire renaître la marque CCF. Le changement de propriétaire sera effectif dans un peu plus d’un an, au cours du premier semestre 2023.

 

« Nous avons fait beaucoup d’études de marché sur le territoire français et c’est incroyable de voir comment cette marque, laissée à l’abandon depuis tant d’années, reste toujours aussi présente dans l’esprit du public », déclarait en juin au journal La Tribune le directeur général de My Money Group, Eric Shehadeh.

En effet, si la marque Crédit Commercial de France a disparu en 2005, 5 ans après son rachat par HSBC France, elle a conservé son prestige et son image associant rigueur et professionnalisme.

Selon Eric Shehadeh, « sur la tranche d’âge des plus de 45 ans, le CCF est ainsi cité spontanément parmi les sept enseignes les plus connues en France ».

Pour My Money Group, faire revivre le CCF est l’occasion de ne plus apparaître comme une marque internationale, mais d’être associé à l’image d’une marque française implantée sur le marché hexagonal.

Toutefois, la tâche s’annonce périlleuse, car la renaissance du Crédit Commercial de France ne pourra pas reposer uniquement sur son image de marque. Le CCF doit être modernisé sans pour autant perdre son identité, au risque de décevoir. My Money Group a prévu d’investir, au cours des 2 prochaines années, 200 millions d’euros pour la mise en place d’un nouveau système informatique, en s’associant pour cela à Arkéa.

Les nouveaux propriétaires souhaitent également que le CCF retrouve sa dimension de proximité et sa taille humaine pour renouer avec ce qui faisait sa force : la connaissance des clients.