La Banque de France teste son indicateur climat auprès des entreprises

La Banque de France enrichi son activité de notation du risque de crédit des entreprises avec la mise en place d’un indicateur climat. Celui-ci a pour objectif d’évaluer l’exposition des sociétés appartenant aux secteurs les plus polluants au risque climatique.

 

 

 

Mesurer l’exposition des entreprises au risque climatique

La Banque de France s’est vue confier par le Comité de Financement de la Transition écologique la définition d’un mécanisme national d’indicateur climat des entreprises. À ce titre, elle met à disposition de plusieurs centaines d’entreprises un indicateur climat s’appuyant sur la méthodologie ACT de l’ADEME (Assessing Low-Carbon). Cet indicateur s’appuie sur trois piliers :

  • le risque de transition qui consiste à évaluer l’adéquation du modèle économique de l’entreprise au monde de demain
  • le risque lié à l’implantation des entités de l’entreprise dans des zones soumises aux aléas climatiques (sécheresse ou inondations par exemple)
  • la maturité de la société vis-à-vis de ces risques

Jusqu’à maintenant, la dimension ESG (environnementale, sociale et de gouvernance) était prise en compte uniquement via les entretiens qualitatifs menés chaque année avec les dirigeants.

Grâce à l’indicateur climat, il est possible de comparer la situation d’une entreprise par rapport à la trajectoire nécessaire à son secteur d’activité pour respecter l’Accord de Paris sur le climat. Dans l’objectif d’appliquer les fondements de la méthodologie ACT, la Banque de France a conclu en mars 2022 un partenariat avec l’Agence de la transition écologique.

500 entreprises-tests en 2023

L’indicateur climat est en cours d’expérimentation. Il devrait toucher près de 500 entreprises et ETI d’ici la fin de l’année, l’objectif étant d’étendre le dispositif à 300 000 entreprises justifiant de plus de 750 000 euros de chiffre d’affaires. « Nous travaillons avec l'Ademe et des entreprises tests à la mise au point de cet indicateur », a récemment indiqué le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Pour le moment, durant la phase de test, les résultats sont uniquement communiqués aux entreprises participantes. « Il faudra au moins deux ou trois années de recul avant d’envisager un partage de cet indicateur aux banques, comme c’est le cas avec la cotation classique », a précisé Émilie Quéma, la directrice de la division entreprises de la Banque de France, jeudi 29 juin dernier lors d’un point presse.

La mise en place de l’indicateur climat ne devrait pas menacer les agences de notation privées développant des expertises extra-financières, car celui-ci se concentre sur l’aspect climatique et non la biodiversité ou la politique sociale des entreprises. Interrogé par Les Echos, Hervé Gonsard, directeur général des services à l’économie et du réseau à la Banque de France, ajoute qu’il sera « gratuit et non public » tout comme la cotation Banque de France.