Élection présidentielle : les banques françaises sous tension

À l’approche du deuxième tour de l’élection présidentielle, la tension monte au sein du secteur bancaire français, qui s’inquiète d’une éventuelle victoire de Marine Le Pen. Les banques restent en dehors de l’arène politique, mais craignent des secousses financières si la candidate du Rassemblement national venait à l’emporter.

Des sondages surveillés de près par les banques

Si les banques françaises prennent soin, à seulement 48 heures du deuxième tour de l’élection présidentielle, de ne pas se positionner, elles n’en sont pas moins à l’affût des sondages.

Comme le reconnaît une source d’un réseau bancaire national, interrogée par le quotidien Les Échos, « Nous avons une cellule de crise, nous surveillons chaque jour à la fois les sondages et les anticipations des marchés ».

Une éventuelle victoire de la candidate du Rassemblement national (RN) pourrait avoir un impact économique pris très au sérieux par le secteur bancaire, qui garde en mémoire les prises de position passées de Marine Le Pen sur un certain nombre de sujets.

Ainsi, lors de l’élection présidentielle de 2012, elle souhaitait « assainir les pratiques bancaires » par une « nationalisation partielle » des banques de dépôt, rappelle Les Echos, et proposait 5 ans plus tard, à l’élection présidentielle de 2017, de faire sortir la France de l’euro.

Si son discours n’est plus le même aujourd’hui, alors qu’elle se présente pour la 3ème fois aux présidentielles, certaines des mesures qu’elle propose restent contraires aux traités européens.

Le « contrôle national aux frontières » des marchandises, ainsi que la réforme des accords de Schengen qu’elle prône pour renforcer le contrôle de l’immigration pourraient exposer la France à des procédures d’infractions lancées par l’Union européenne, comme ce fut le cas pour la Pologne.

 

Un impact économique non négligeable

Les conséquences économiques d’une telle remise en cause de la construction européenne pourraient être considérables, selon le secteur bancaire français.

« Nous pourrions connaître une crise de liquidité de trois mois, allant jusqu’à un an dans les modèles les plus sévères », déclare une autre source bancaire interrogée par Les Echos.

Selon cette même source, le pire pourrait tout de même être évité grâce à l’expérience acquise par le secteur bancaire, qui a traversé la crise financière de 2008 et observé plusieurs leaders populistes accéder au pouvoir dans différents pays européens. Toutefois, les banques françaises craignent « un repli » du pays sur le plan financier en cas de victoire de la candidate du RN.

Les banques restent donc très attentives aux résultats du deuxième tour, mais se gardent bien de prendre publiquement position, soucieuses de ne pas susciter le mécontentement de clients de sensibilités politiques diverses.

Seul le président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Nicolas Théry, a annoncé son intention de voter pour Emmanuel Macron. Quant aux sections bancaires des syndicats, celles de la CGT et de la CFDT ont appelé à contrer Marine Le Pen.