Données clients : les banques tentent de rattraper leur retard sur les Gafa

Pendant longtemps, les banques ont été dans l’incapacité, notamment pour des motifs réglementaires, d’exploiter les données de leurs clients. Si les géants de la tech n’ont quant à eux pas attendu pour transformer ces données en nouvelles opportunités, les banques commencent désormais à rattraper leur retard, et essaient de se démarquer des services proposés par les Gafa.

Exploiter les données des clients dans le respect de la confidentialité

Après avoir longtemps laissé le champ libre aux Gafa, les banques commencent peu à peu à proposer de nouveaux services basés sur les données personnelles de leurs clients. Les services se veulent innovants, mais également respectueux de la vie privée des consommateurs.

Pour le moment, les ambitions des banques restent mesurées, l’objectif étant surtout d’habituer les clients à ces nouveaux usages. Ainsi, la Banque Postale leur propose de calculer leur empreinte carbone via le prestataire Carbo, tout comme le font Crédit Mutuel Arkéa et Hello Bank avec la start-up Greenly.

Les banques ont également compris l’intérêt des agrégateurs de comptes comme Linxo, racheté par Crédit Agricole en 2020, ou Tink, en partenariat avec BNP Paribas : ils permettent aux clients de visualiser tous leurs comptes bancaires sur une seule interface pour simplifier la gestion de leur argent et optimiser leur budget.

BNP Paribas a lancé, en partenariat avec la fintech Papernest, un nouveau service proposant aux clients de connaître, pour chacun de leurs abonnements (électricité, internet, téléphone, etc.) l’existence d’offres moins chères sur le marché.

Une approche différente de celle des Gafa

En matière d’exploitation des données, les banques doivent avancer avec prudence et composer avec certaines contraintes.

Elles sont tout d’abord soumises au respect du règlement général sur la protection des données (RGPD), qui impose notamment de recueillir le consentement « libre, spécifique, éclairé et univoque » des clients avant de pouvoir traiter leurs données personnelles.

Par ailleurs, les banques sont encore perçues aujourd’hui comme des tiers de confiance auxquels les clients confient leur épargne pour la mettre à l’abri. Il peut donc être difficile de concilier cette image avec le concept de circulation des données et de traitement d’informations relevant de la vie privée des clients.

Chaque banque procède différemment pour exploiter les données dans le respect de la confidentialité et de la réglementation, mais toutes tentent de se démarquer de l’approche souvent offensive des Gafa.

Jusqu’ici, les banques ont surtout été contraintes, sur le plan légal, à fournir des données clients à d’autres acteurs pour encourager la concurrence, comme l’exigeait la directive européenne sur les services de paiement (DSP2) en introduisant la notion d’open banking.

Des mises à jour de ce texte sont prévues, afin notamment que le secteur bancaire puisse recevoir des données de la part d’acteurs externes, de la même manière qu’il leur en fournit.

Les données de paiement pourraient ne plus être les seules à faire l’objet de partages entre ces différents acteurs : les données liées à l’épargne des ménages, très convoitées, devraient également être concernées.