Dépôts de brevets : les banques européennes à la traîne

Les grandes banques mondiales se sont lancées dans la course à l’innovation, ce qui s’est traduit par un nombre important de dépôts de brevets. Toutefois, le portefeuille de brevets des banques françaises, et plus largement des banques européennes, reste faible comparé à celui des banques américaines et chinoises. Décryptage de ce retard.

Peu de brevets pour les banques européennes

Les banques européennes sont à la traîne. L’office européen des brevets (OEB) compte au total une cinquantaine de brevets déposés au nom de BNP Paribas. Par ailleurs, aucune banque française ne figure dans le top 50 des premiers déposants établi par l’INPI. Ce classement est dominé par les grands groupes industriels tels que PSA, Safran ou encore Valeo.

Selon plusieurs experts, le fait que les banques européennes aient historiquement peu de brevets n’est pas inquiétant, car les règles en matière de propriété intellectuelle ne sont pas les mêmes. Toutefois, le risque pour ces acteurs est de voir passer la vague des Fintech sur les technologies brevetables comme la Blockchain.

Bank of America figure parmi les banques les plus actives

Depuis 2020, Bank of America a déposé un nombre important de brevets. Sur les six premiers mois de l’année 2021, la banque s’est vue accorder 227 brevets par le Bureau américain des brevets et des marques, c’est 23 % de plus que l’année précédente sur la même période. Son portefeuille atteint les 5 000 brevets et applications, provenant de 6 000 inventeurs basés aux États-Unis et dans une douzaine d’autres pays. Il faut dire qu’elle dispose d’un budget conséquent : 14 milliards de dollars par an, dont 10 milliards sont consacrés à la R&D. Sur ce montant, 3 milliards sont dédiés chaque année au développement des innovations. Grâce aux bénéfices records réalisés, ce budget devrait passer à 3,4 milliards de dollars.

Les brevets déposés par la deuxième banque américaine en termes d’actifs concernent essentiellement :

  • l’Intelligence Artificielle (40 %),
  • la Blockchain,
  • les technologies de paiement,
  • la banque mobile,
  • l’analyse des données.

Parmi eux, on trouve par exemple l’intégration de l’IA dans les conversations entre un client et un agent, une innovation brevetée qui prévoit l’utilisation d’outils automatisés dans l’échange après avoir transféré l’appel à un opérateur.

Un autre brevet accordé porte sur l’image en réalité augmentée et l’authentification. Concrètement, il s’agit d’intégrer un terminal de réalité augmentée dans le porte-monnaie mobile du client afin d’autoriser des transactions électroniques.

Une forte croissance annuelle des dépôts en Chine

La Chine creuse l’écart avec les États-Unis dans la course aux brevets avec 68 720 demandes de brevets déposées en 2021, soit une croissance annuelle de 16,1 %. Alors que l’écart séparant les deux puissances n’était que de 1 000 brevets en 2019, il s’établit désormais à 10 000.

Les technologies informatiques ont représenté la plus grande part de la demande, suivies par les communications numériques, les technologies médicales et les machines électriques.