Cryptomonnaie : les banques tirent profit de la faillite de FTX

La récente faillite de la plateforme d’échange de cryptomonnaie FTX conforte les banques traditionnelles dans leur méfiance à l’égard du secteur. Elles demandent une plus grande régulation de ces activités, pour une protection renforcée des fonds investis.

La faillite de la plateforme de cryptomonnaies FTX

Depuis le 11 novembre, la plateforme FTX, considérée comme la deuxième plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaie au monde après Binance, s’est déclarée en faillite. Créée en 2019 et valorisée encore récemment à 32 milliards de dollars, la plateforme FTX permettait à 1,2 million d’utilisateurs d’acheter des cryptomonnaies et d’effectuer des transactions en ligne.

 

Le 2 novembre, son fondateur Sam Bankman-Fried se retrouve plongé dans la tourmente : Alameda Research, son fonds d’investissement, s’avère être en grande partie alimenté par des cryptoactifs émis par la plateforme FTX, les FTX Token (FTT).

La révélation de ce conflit d’intérêts dans la presse amène alors son principal concurrent, Binance, qui avait été l’un des premiers à investir dans la plateforme FTX, à annoncer la vente de tous ses actifs en FTT. Immédiatement, le cours du FTT chute et de nombreux utilisateurs de FTX se débarrassent à leur tour de leurs cryptoactifs.

Le 8 novembre, après avoir annoncé vouloir racheter la plateforme de Sam Bankman-Fried, Binance se rétracte suite à un audit révélant une mauvaise gestion des fonds des utilisateurs de FTX. 3 jours plus tard, Sam Bankman-Fried annonce sa démission de la plateforme FTX, qui est déclarée en faillite.

La faillite de FTX déstabilise tout le secteur des cryptomonnaies. Selon de nombreux analystes, les conséquences de la disparition de cette plateforme sont comparables à celles observées durant la crise des subprimes lors de la faillite, en 2008, de la banque Lehman Brothers.

En à peine une semaine, la faillite de FTX a provoqué une contraction du marché des cryptomonnaies de 200 milliards de dollars. Le cours du bitcoin a chuté de plus de 20 % sur la même période, avant de regagner un peu de terrain au cours du weekend.

 

Les banques traditionnelles pointent du doigt la déroute de FTX

Aujourd’hui encore peu enthousiastes à l’égard des cryptomonnaies, les banques voient dans la faillite de la plateforme FTX une raison supplémentaire de s’en méfier.

La Fédération bancaire française, interrogée par le quotidien Les Echos, a appelé à une meilleure régulation de ces activités, insistant sur l’importance de s’assurer que « la sécurité des fonds investis par les clients, la transparence sur la gestion pratiquée par ces nouveaux acteurs, et le contrôle de leurs pratiques par des régulateurs soient assurés ».

Selon une banque française restée anonyme, si les cryptoactifs peuvent être considérés comme « un instrument d’investissement », ils ne devraient en revanche pas être vus comme une monnaie, faute notamment d’une réglementation suffisamment protectrice.

Malgré une demande croissante de la part de certains de leurs clients souhaitant investir dans les cryptoactifs, les banques traditionnelles continuent à faire preuve d’une grande prudence. Certains établissements commencent toutefois à s’y intéresser, et envisagent par exemple de jouer un rôle dans la conservation de cryptoactifs, s’estimant légitimes pour se porter garants de leur sécurité ou apporter des conseils à leurs clients désireux d’investir.

Au mois de juillet, BNP Paribas a ainsi noué un partenariat entre sa filiale de conservation de titres et 2 fintechs spécialistes des cryptoactifs, Metaco et Fireblocks. Une néobanque a quant à elle établi un partenariat avec Coinhouse, la première plateforme française de cryptomonnaies à avoir été enregistrée auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Pour l’heure, seules certaines petites banques ont osé se lancer, à l’instar de la banque française Delubac & Cie, qui propose à ses clients un service d’achat, de vente et de conservation des cryptoactifs. De son côté, la banque franco-allemande Oddo BHF a participé à la levée de fonds de la plateforme Coinhouse en juin 2022.