Le secteur financier cherche à mobiliser l’épargne des femmes

D’après un rapport du Credit Suisse Research Institute, les femmes détiennent aujourd’hui 40 % de la richesse mondiale, mais n’investissent qu’une faible proportion de leur épargne dans l’économie. L’évolution démographique devrait accentuer cette tendance, qui commence à intéresser le secteur financier.

Les femmes détiennent 40 % de la richesse mondiale

Chaque année, le Credit Suisse Research Institute publie son Global Wealth Report, une analyse détaillée de la richesse des ménages dans le monde.

En 2018, le rapport du Credit Suisse constatait qu’au cours du 20ème siècle, le pourcentage des richesses mondiales détenues par les femmes n’avait cessé de croître. Aujourd’hui, les femmes détiennent 40 % de la richesse mondiale, en incluant les actifs non financiers.

Cette progression a été rendue possible par l’accès à un niveau d’éducation supérieur, ouvrant les portes de postes plus élevés dans les entreprises. Toutefois, elle a également été freinée par l’écart salarial persistant entre les hommes et les femmes.

Ce pourcentage est une moyenne mondiale, ce qui implique évidemment de fortes disparités selon les régions du globe. Ainsi, les femmes européennes et d’Amérique du Nord sont celles qui détiennent le plus important pourcentage de richesse, de l’ordre de 40 à 45 %, tandis qu’en Inde et en Afrique, il se situe entre 20 et 30 %.

Par ailleurs, l’évolution démographique tend à faire augmenter ce chiffre, en raison notamment d’une espérance de vie plus élevée des femmes. Aux États-Unis, les femmes devraient être en possession, d’ici 2030, de la majeure partie des richesses accumulée par la génération issue du baby-boom.  

Des produits adaptés aux attentes de la clientèle féminine

Pourtant, les femmes n’investissent que 5 % de leur épargne dans l’économie, comme le constate Paloma Castro Martinez, la cofondatrice de WeInvest, une plateforme proposant aux femmes « d’investir plus et mieux ». Les initiatives du secteur financier visant à mobiliser l’épargne des femmes sont encore rares, mais les choses pourraient changer dans les mois et années à venir.

Selon McKinsey, cabinet new-yorkais de conseil en stratégie, les spécialistes en gestion de patrimoine ne pourront pas faire l’impasse sur les efforts particuliers à fournir à destination de la clientèle féminine, pour fidéliser les femmes déjà clientes, et en attirer de nouvelles.

Mais la difficulté pour les cabinets de gestion de patrimoine, d’après McKinsey, est d’éviter de renvoyer une image sexiste tout en développant des produits adaptés aux besoins de la clientèle féminine. Un équilibre difficile à trouver, qui pourrait en partie expliquer la rareté des initiatives en ce sens.

Plusieurs études ont toutefois démontré des différences significatives entre femmes et hommes dans la gestion des finances. Les femmes se montrent notamment plus intéressées par l’investissement dans la pierre plutôt que par l’épargne financière. Peu attirées par la prise de risque, elles privilégient les investissements rentables sur une longue durée, plutôt que les rendements élevés de courte durée.

Ces attentes ne sont que rarement prises en compte par le secteur du conseil financier, habitué à répondre aux souhaits des investisseurs masculins. Pourtant, d’après une étude de la banque new-yorkaise Goldman Sachs, les stratégies féminines sont payantes, comme le montrent à Wall Street, en 2020, les performances supérieures des fonds d’investissement gérés par des femmes.