L’emploi bancaire touché par la crise sanitaire

Le nombre de salariés du secteur bancaire français a reculé de 1,7 % en 2020, année marquée par le début de la crise sanitaire. Avec 354 000 salariés, les effectifs sont au plus bas depuis 1990, d’après les chiffres de la Fédération bancaire française.

Les effectifs au plus bas depuis 1990

En 2000, l’emploi dans la banque avait déjà connu un important ralentissement. Pourtant, le secteur employait alors 354 600 salariés, contre 354 000 à l’heure actuelle, ce qui représente le niveau le plus bas jamais enregistré depuis le début de ces études statistiques en 1990.

En tenant compte uniquement des grandes banques commerciales, comme Société Générale et BNP Paribas notamment, la tendance est encore plus nette : alors que le nombre total de salariés a reculé de 1,7 % en 2020, la baisse est ici de 2,9 %, pour un nombre actuel de 186 800 salariés en excluant les effectifs des banques mutualistes.

Pour Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française, le secteur bancaire reste tout de même « l’un des tout premiers employeurs du secteur privé en France », comme elle le déclarait le 22 juin dans Le Grand Journal de l’Eco, sur BFM Business. « Il y a eu pendant tout le premier semestre de l’année 2020 moins de recrutements, parce que la machine était un peu grippée effectivement en termes de recrutements, d’embauches, de mobilités », a-t-elle reconnu.

Des embauches et des départs moins nombreux

Si le nombre d’embauches a reculé en raison de la situation économique incertaine, le nombre de départs a également diminué.

En 2020, le taux d’embauche a chuté de 20,49 %, soit 35 300 nouveaux emplois contre 44 400 en 2019. En parallèle, 40 600 employés du secteur bancaire ont quitté leur poste, contre 47 300 en 2019. Le nombre de départs a chuté de 14,3 %, une baisse importante, mais insuffisante pour compenser le recul des embauches.

« Il y a eu un peu moins de départs que prévu, notamment moins de démissions, qui sont la principale cause de départs du secteur bancaire, avant les retraites », a confirmé Maya Atig.

L’environnement de taux bas n’est pas sans conséquence sur l’emploi bancaire, de même que l’accélération de la digitalisation dans le contexte sanitaire actuel. Natixis, Société Générale et HSBC France ont, depuis déjà plusieurs mois, entamé des plans de restructuration.

25 000 postes ont disparu depuis 2012, et plusieurs syndicats craignent que 5000 postes supplémentaires ne soient supprimés d’ici à 2025. Autre conséquence de la digitalisation et de l’essor des services à distance : les banques réduisent leur réseau d’agences, ce qui impacte l’emploi. Ainsi, la fusion des réseaux Crédit du Nord et Société Générale va entraîner la fermeture définitive de 600 agences.

L’emploi bancaire relativement préservé en France

Si l’on compare la situation française à celle d’un bon nombre de pays européens, on constate que l’emploi bancaire est malgré tout plutôt préservé dans l’Hexagone.

En Allemagne, 78 500 emplois ont été supprimés entre fin 2010 et fin 2019, le nombre total de salariés étant passé de 657 100 à 578 596 en 9 ans. En Espagne, 90 268 emplois ont disparu sur la même période, et le secteur bancaire ne compte plus que 173 447 salariés.

En Italie, 38 730 emplois ont été supprimés en 9 ans, et ce chiffre grimpe à 61 000 aux Pays-Bas, ce qui représente presque 1 emploi sur 2 dans les banques néerlandaises.

Plutôt que d’érosion de l’emploi bancaire, la directrice générale de la Fédération bancaire française préfère parler d’une « baisse pilotée des emplois », « parce qu’au fond, un certain nombre de phénomènes sont prévisibles, la digitalisation, le fait que les emplois se transforment, ce sont des choses que les banques voient et pour lesquelles elles accompagnent leurs collaborateurs » a-t-elle expliqué, estimant que le nombre d’emplois devrait encore reculer et atteindre les 300 000 d’ici 10 à 15 ans.