De nouvelles contraintes réglementaires pour les fintechs chinoises

Après des années de liberté sur le plan réglementaire, les fintechs chinoises sont confrontées à des lois de plus en plus contraignantes. Les régulateurs financiers chinois s’efforcent de leur faire adopter un modèle économique plus proche de celui des banques traditionnelles.

Un nouveau cadre réglementaire

Après avoir laissé les fintechs se développer sans grande contrainte réglementaire pendant des années, la banque centrale chinoise multiplie les projets de loi et les mesures contraignantes pour les établissements de paiement non bancaires.

Comme le révèle une étude de l’Institut Montaigne publiée le 22 avril par Viviana Zhu, chargée d’études, « l’absence de réglementation sur les systèmes de paiement mobile non bancaires a permis à des entreprises comme Ant Group ou Tencent de croître et d’atteindre une taille critique pour résister à la concurrence et aux coûts de conformité. »

Toutefois, le ton des régulateurs a changé : en novembre 2020, Ant Group, géant de la fintech chinoise et bras financier de la plateforme d’e-commerce Alibaba, a vu son introduction en Bourse suspendue par les autorités boursières chinoises. Selon le gouvernement, cette décision visait « à maintenir la stabilité des marché financiers et à protéger les intérêts des investisseurs ».

La banque centrale chinoise a également mis en place, pour la première fois, des mesures anti-monopole : désormais, une enquête antitrust est déclenchée dès lors que 2 acteurs du secteur des paiements électroniques détiennent à eux seuls plus de 50 % des parts de marché. C’est précisément le cas avec Alipay, qui détient 55 % du marché, et WeChat Pay, qui en possède 38 %.

La probable expansion des fintechs chinoises en Europe

Selon Viviana Zhu et l’enquête, « La fintech chinoise : la fin du Far West » (d’après le titre original « China’s FinTech : the End of the Wild West »), les fintechs chinoises pourraient bien être de sérieuses concurrentes des acteurs européens dans les prochaines années.

Si leur présence sur le Vieux Continent est actuellement limitée, contrairement aux géants américains de la Tech, leur expansion en Europe n’est pas à exclure, même si ce n’est pour l’heure pas leur priorité.

Leurs performances en matière de collecte et de traitement des données les rendent particulièrement compétitives. Elles n’auront toutefois pas d’autre choix que de composer avec la réglementation européenne sur la protection des données.

Malgré ces contraintes, l’étude de l’Institut Montaigne estime que « les plateformes chinoises possèdent des atouts importants pour une expansion internationale dans le secteur des technologies financières. » Parmi ces atouts, Viviana Zhu mentionne « leur longue expérience sur le terrain » et « la qualité de leurs technologies fondées sur l’accès à des quantités illimitées de données nationales. »