Défaillances d’entreprises : des signaux alarmants

Si le nombre de défaillances d’entreprises est resté très bas durant le 1er trimestre 2021, certains signaux d’alerte sont à prendre au sérieux. Ainsi, depuis le mois de mars, 8 entreprises sur 10 se présentant devant le tribunal dans le cadre d’une procédure collective sont directement liquidées.

Faillites : le calme avant la tempête ?

D’après les chiffres de la dernière étude de la société Altares, portant sur les défaillances d’entreprises en France au cours du premier trimestre 2021, la vague de faillites tant redoutée n’a pas encore débuté.

7406 procédures collectives ont été ouvertes entre janvier et mars, soit 32,1 % de moins qu’au premier trimestre 2020. Entre les mois de juin et de septembre 2020, 6700 défaillances avaient été recensées, soit une baisse de 35 % par rapport à la même période en 2019.

Le niveau de défaillances reste donc très bas, environ deux fois inférieur à celui du premier trimestre 2019, mais il n’est pas pour autant révélateur de la santé des entreprises. En effet, la prolongation des différentes aides et dispositifs publics, comme l’activité partielle, le fonds de solidarité ou encore les prêts garantis par l’État, maintiennent hors de l’eau un certain nombre d’entreprises, qui risquent fort de mettre la clé sous la porte lorsque ces mesures prendront fin.

La proportion de liquidations judiciaires en hausse

Premier signal inquiétant : depuis le mois de mars 2021, 79 % des jugements rendus par les tribunaux dans le cadre de procédures collectives aboutissent directement à une liquidation judiciaire. Au cours des dernières années, avant le début de la crise sanitaire, ce pourcentage était d’environ 68 %.

La plupart des entreprises concernées par ces liquidations sont des TPE, qui comptent moins de 5 salariés.

Selon la société Altares, cette proportion croissante de liquidations judiciaires peut s’expliquer de deux manières :

  1. D’une part, les URSSAF ne pratiquant plus, depuis le début de la crise, de recouvrement forcé, les chefs d’entreprises ne prennent pas forcément conscience de l’ampleur des difficultés avant d’être mis au pied du mur.
  2. D’autre part, l’épuisement est là : plutôt que de chercher à obtenir un plan de continuation d’activité, les chefs d’entreprises déposent leur déclaration de cessation de paiement et acceptent la liquidation judiciaire sans avoir la force d’entamer d’autres démarches.

Selon les prévisions d’Altares, la situation devrait se dégrader au deuxième semestre 2021, avec un total de 40 000 à 45 000 défaillances d’entreprises sur l’année. Là encore, la situation ne sera pas le reflet fidèle de la santé des entreprises, puisque l’effet des aides publiques devrait encore se faire sentir. À titre de comparaison, 52 000 défaillances d’entreprises ont été enregistrées en 2019.