Covid-19 : la santé mentale des entrepreneurs se dégrade

Les patrons de PME, éreintés par la crise sanitaire, manquent de visibilité pour l’avenir et sont exposés à un risque d’épuisement professionnel, selon une étude publiée par l’Observatoire Amarok. Inquiets, ces acteurs seraient moins enclins à transformer leurs idées en opportunités ce qui pourrait nuire à la relance économique. Zoom sur la santé mentale des entrepreneurs qui se dégrade.

Un niveau d’épuisement jamais observé chez les professionnels

Dans le cadre de sa deuxième enquête nationale Covid-19 publiée le 26 février 2021, l’Observatoire Amarok précise que les dirigeants de PME n’échappent pas à l’épuisement professionnel. En effet, celui-ci s’est significativement accru et sa nature s’est transformée pendant le confinement. L’épuisement habituel lié à la suractivité a muté en un épuisement d’empêchement et un sentiment d’impuissance répétée.

Réalisée auprès de 1066 entrepreneurs, l’étude révèle « un niveau d’épuisement jamais observé » et « une fatigue à un niveau record ». Lors du premier confinement, le niveau de burnout est passé de 2,89 à 3,39 avant d’atteindre son plus haut niveau, à 3,58 pendant la deuxième vague. Résultat : la vigilance entrepreneuriale et la saisie d’opportunités se sont altérées. Dans une interview accordée au journal Les Echos, Philippe Mutricy, directeur de l’évaluation des études et de la prospective à Bpifrance, précise que le pourcentage d’entrepreneurs capables de saisir des opportunités a diminué de moitié en un an. Pour autant, la capacité financière est au rendez-vous : la plupart des entreprises qui ont souscrit un PGE n’ont pas consommé plus de la moitié de son montant et ont constitué une trésorerie de précaution qu’elles pourront faire valoir lors de la reprise.

Lancement d’un numéro Vert national

Face à la détresse des entrepreneurs, les associations se mobilisent. Des espaces d’accueil et d’information pour les structures agréées et reconnues ont été réservés dans les tribunaux. L’intégration du volet psychologique au sein des tribunaux de commerce n’est toutefois pas une idée nouvelle puisqu’elle est proposée depuis 2013 par le dispositif Apesa (aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aigüe). Aujourd’hui, 56 juridictions l’ont adopté et 24 autres ont manifesté leur intention de le mettre en œuvre.

Pour renforcer le soutien apporté aux chefs d’entreprise, le gouvernement a lancé un numéro Vert national gratuit, le 0 805 65 50 50, accessible 7 jours sur 7, de 8 heures à 20 heures. En 2020, environ 1500 appels ont été enregistrés. Ce dispositif a été mis en place en vue d’éviter des cas plus graves. Le réseau Apesa indique qu’en 2020, plus de 1100 entrepreneurs ont été pris en charge par un psychologue, soit une hausse de 65 % sur un an, et trois dirigeants ont été hospitalisés.

Malgré ces signaux d’alerte, les psychologues croient dans les capacités d’adaptation des patrons de PME et estiment que la résilience, l’autonomie et la délégation induits par la crise joueront en leur faveur lors de la reprise de l’activité économique.