Covid-19 : pourquoi les TPE-PME sont devenues de mauvais payeurs

D’après le premier baromètre trimestriel commandité par le comité de crise sur les délais de paiement à l’institut BVA, les TPE et les PME, qui rencontrent de nombreuses difficultés en raison de la crise sanitaire, mettent davantage de temps à régler leurs fournisseurs et sont ainsi devenues de mauvais payeurs.

Une enquête menée auprès de 600 entreprises

Pour observer et prévenir l’allongement des délais de paiement, qui représentent une source de financement conséquente estimée à 700 milliards d’euros, un comité de crise sur les délais de paiement a été mis en place dès le mois de mars 2020 par le gouverneur de la Banque de France et le ministre de l’Economie et des Finances.

Animé par le médiateur national du crédit, Frédéric Visnovsky, et le médiateur des entreprises Pierre Pelouzet, le comité de crise intervient régulièrement pour mettre fin aux retards répétés de paiement ou, au contraire, pour distinguer les entreprises ayant de bonnes pratiques.

Un premier baromètre trimestriel a été demandé à l’institut de sondage BVA, et sera reconduit trimestriellement pendant toute l’année 2021. Il se base sur un échantillon représentatif de 600 entreprises de 0 salarié et plus, ayant fait l’objet d’interrogations téléphoniques entre le 7 et le 18 décembre 2020.

« Le respect des délais de paiement est un enjeu essentiel pour les petites et moyennes entreprises. Cela est vrai en temps normal où elles sont déjà affectées par des retards de paiement importants et cela est bien évidemment exacerbé du fait du contexte économique actuel », a récemment déclaré Alain Griset, ministre en charge des PME. « Pour une action efficace d’accompagnement de ces TPE et PME, il est indispensable de mesurer précisément les difficultés qu’elles peuvent rencontrer », a-t-il souligné.

Les confinements allongent les délais de paiement

Les chefs d’entreprise interrogés par BVA ont pointé du doigt, pour 81 % d’entre eux, les entreprises de moins de 250 salariés comme étant responsables des retards de paiement. En effet, selon ces patrons :

  • seuls 19 % des retards seraient le fait d’entreprises de plus de 250 salariés,
  • contre 27 % pour les entreprises de 10 à 249 salariés
  • et 54 % pour les entreprises de moins de 10 salariés.

D’après le comité de crise, ce constat s’explique par le fait que la plupart des entreprises françaises ont comme clients ou fournisseurs des TPE et des PME, notamment dans les secteurs les plus impactés par la crise sanitaire.

Par ailleurs, ces petites entreprises ont elles-mêmes fait l’objet de retards de paiement (43 jours en moyenne en 2020), ce qui a impacté leur trésorerie, comme le confirme une étude de l'Observatoire des TPE publiée au début du mois de février.

Si la situation semble s’améliorer, 8 entreprises sur 10 ayant déclaré avoir retrouvé des délais de paiement similaires à ceux d’avant le début de la pandémie, 16 % affirment que les délais se sont allongés en novembre 2020 par rapport au mois précédent. Les confinements ont donc un impact conséquent sur l’allongement des délais de paiement.

D’autres problèmes se sont accentués :

  • l’absence d’émission de bons de commande après une prestation (+9 %),
  • la modification unilatérale d’un élément du contrat (+8 %),
  • ou encore les délais excessifs de validation du travail effectué (+8 %).

« La Banque de France va renforcer sa vigilance sur les délais de paiement dans son activité de cotation des entreprises », a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, lors de la publication de ce baromètre.