Remboursement des PGE : les dirigeants de PME à l’heure du choix

Les PME ayant souscrit un prêt garanti par l’État (PGE) bénéficiaient initialement d’une année de différé avant le début du remboursement, différé qui a été étendu à 2 ans pour les entreprises les plus en difficulté. À l’heure où le choix entre remboursement immédiat ou différé doit être fait, pour quelle stratégie vont opter les PME ?

Prêts garantis par l’État : vers un étalement du remboursement

Accordés pour une période de 6 ans, les PGE étaient dans un premier temps remboursables après une seule année de report.

Cependant, face à une crise sanitaire qui perdure et suite à l’annonce du reconfinement fin octobre 2020, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire avait annoncé la possibilité d’une deuxième année de différé, pour « les entreprises qui ne seraient pas en mesure de commencer à rembourser leur prêt à partir de 2021 ».

Cette facilité, qui devait être étudiée au cas par cas par les banques, est désormais accordée de droit aux entreprises sous le coup d’une fermeture administrative.

Pour autant, la durée du PGE n’est pas allongée, et reste fixée à 5 ans maximum une fois le remboursement commencé, ce qui ne sera pas sans conséquence sur la trésorerie des entreprises qui font le choix d’un différé de 2 ans. Un an après que les premiers PGE aient été accordés, la question de la stratégie de remboursement se pose, et le choix n’est pas évident.

Remboursement des PGE : des dirigeants de PME de plus en plus inquiets

D’après une récente enquête, menée entre le 7 et le 20 janvier 2021, de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), l’inquiétude des dirigeants d’entreprises au sujet de leurs capacités de remboursement grandit de mois en mois.

En décembre, près d’un patron de PME sur deux (45 %) disait craindre de ne pas pouvoir rembourser le prêt, contre seulement 34 % au mois de septembre. Par ailleurs, au mois de septembre, 34 % d’entre eux avaient opté pour un remboursement différé d’un an, selon les conditions de départ, contre seulement 28 % en décembre, alors même que la situation sanitaire ne s’était pas encore aggravée avec l’arrivée des nombreux variants du virus.

De plus en plus de PME optent donc pour une deuxième année de différé, et décident de ne rembourser leur PGE qu’à compter de 2022. En parallèle, de nouveaux PGE continuent d’être accordés : aux mois de novembre et décembre, 40 000 nouvelles demandes ont été déposées. Certaines émanent d’entreprises n’ayant jusqu’ici pas encore souscrit de PGE, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une demande de trésorerie supplémentaire.

Or, plus le différé de remboursement est long, plus le risque de défaut de paiement est important. Ce qui pourrait momentanément soulager les PME en difficulté risque donc également de les mettre en difficulté lorsque le moment viendra de rembourser, et par conséquent d’occasionner des pertes pour les établissements bancaires et l’État.

Du côté du ministère de l’Économie et des Finances, on étudie la possibilité d’étaler davantage la durée de remboursement, pour éviter des mensualités trop lourdes aux PME qui choisissent un différé de 2 ans.

« J’engagerai les discussions avec la Commission européenne pour étudier, dans certains secteurs spécifiques, si cet étalement est envisageable », a récemment déclaré Bruno Le Maire qui évoque même, pour certaines entreprises, la possibilité de transformer ce PGE en subvention.