Faillites et dettes des entreprises : les enjeux de 2021

La vague de faillites tant redoutée n’a pas eu lieu en 2020, et le pourcentage de défaillances d’entreprises a même diminué par rapport à 2019. Les aides d’urgence mises en place par l’État expliquent ce phénomène, mais la tendance s’inversera inévitablement en 2021. Tout l’enjeu sera alors de préserver les entreprises viables et saines avant la crise sanitaire du Covid-19.

Le décalage de la vague de faillites d’entreprises

Alors qu’une étude de la Banque populaire - Caisse d’Épargne prévoyait pour 2020 pas moins de 62 000 défaillances d’entreprises, ce sont en réalité 34 000 défaillances qui ont été enregistrées au cours de l’année. Par ailleurs, selon les données des tribunaux de commerce de France, 7465 nouvelles procédures collectives ont été enregistrées entre le 1er septembre et le 30 novembre 2020, soit une baisse de 37 % par rapport à la même période en 2019.

La vague de faillites n’a donc pas encore eu lieu, malgré une récession sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour autant, elle est inévitable, et les différents dispositifs d’aide mis en place par l’Etat maintiennent artificiellement en vie un nombre considérable d’entreprises.

Par ailleurs, les URSSAF n’assignent momentanément plus aucune entreprise au tribunal, ce qui explique ce décalage de faillites, qui devrait survenir en 2021.

Une restructuration de la dette pour maintenir la productivité et l’emploi

D’après une note du Conseil d’analyse économique (CAE), les secteurs les plus impactés par la crise sanitaire devraient connaître une hausse des faillites de 26 %. Le taux de faillite dans le secteur du commerce et des services aux particuliers pourrait ainsi passer de 1,1 % en 2019 à 1,8 % en 2021.

Selon le CAE, tout l’enjeu va être de sauver les entreprises qui étaient saines avant la pandémie, en restructurant leur dette si besoin pour leur permettre de conserver leur productivité, et d’ôter le filet de sécurité qui empêche les entreprises déjà en péril avant la crise sanitaire de sombrer.

« En situation normale, la “sortie” des entreprises les moins efficaces contribue positivement à la productivité et à la croissance : en libérant des facteurs économiques (travail, capital, locaux, etc.) mal utilisés, elle permet le développement des entreprises plus efficaces et l’arrivée de nouveaux entrants, et donc la réallocation de ces facteurs vers des emplois plus bénéfiques à la collectivité », peut-on lire dans la note du CAE.

En maintenant artificiellement en vie des entreprises non viables avant la pandémie, c’est toute l’économie française qui pourrait être impactée.

« Il convient alors de préserver les entreprises viables – c’est-à-dire susceptibles de produire une chronique de profits dont la valeur actualisée est positive –, même si un endettement accru et des conditions d’exploitation temporairement dégradées les ont rendues insolvables », préconise le CAE, qui suggère de cibler les aides dans les secteurs possédant un gros réservoir d’emplois et étant particulièrement menacés, comme le commerce et l’industrie manufacturière.