La crise sanitaire accélère la conversion des clients des banques au numérique

La crise sanitaire a incité les banques à démocratiser la pratique du télétravail et contraint certains établissements à réduire plus vite que prévu la taille de leur réseau d’agences. C’est notamment le cas de TSB au Royaume-Uni, de Crédit Suisse et de Commerzbank en Allemagne.

Accélération des fermetures d’agences en Europe

La pandémie précipite les fermetures d’agences bancaires en Europe. Au Royaume-Uni, TSB prévoit de supprimer près de 929 postes de « caissiers » dans ses agences. Une décision liée à l’accélération de l’utilisation des services numériques. De même, la banque coopérative britannique Co-op Bank devrait supprimer 350 emplois pour « s’adapter aux usages des clients » et fermer 18 agences.

Le groupe bancaire Crédit Suisse se réorganise lui aussi afin de rester viable économiquement face à des habitudes bancaires qui évoluent. En août dernier, la banque a annoncé un vaste plan de restructuration prévoyant la fermeture de 37 agences sur 146. Cela devrait lui permettre de générer des économies de 100 millions de francs d’ici à 2022.

Enfin, en Allemagne, Commerzbank a décidé de fermer 200 agences, soit une sur cinq de son réseau sur le territoire. Cette décision pourrait néanmoins s’étaler d’ici à 2023.

Pas d’annonces similaires en France

En France, les banques n’ont fait aucune annonce relative à la réduction de leurs réseaux. Toutefois, la plupart des établissements constatent une forte augmentation des usages en digital et des solutions de relation à distance. La 10e édition de l’étude « Relations banques-clients » de Deloitte France montre, en effet, que les canaux digitaux (web et mobile) sont les plus utilisés (17,4 fois par mois, +14 %) alors que la moyenne des visites en agence est inférieure à 1 par mois (0,95, -28 %). Le digital fait partie des offres de base des banques et « n’est plus un facteur de différenciation », précise le cabinet. La différence entre les enseignes se fera désormais dans la prise en charge des moments de vie de leurs clients, un domaine dans lequel les banques traditionnelles ne brillent pas particulièrement.

Adopter de nouvelles pratiques pour réduire les coûts

Pour variabiliser et mutualiser les coûts de leurs réseaux, les groupes bancaires ont intérêt à adopter de nouvelles pratiques. Selon Baudouin Choppin de Janvry, associé spécialisé dans le conseil sur l’industrie financière chez Deloitte France, les clients ne sont pas réticents à l’idée de se rendre dans un centre de proximité qui regrouperait plusieurs établissements sous un même toit afin de faire des transactions ou d’échanger avec un conseiller.

La plupart des banques ont déjà innové. La Caisse d’Épargne Bretagne Pays de Loire souhaite par exemple mener des tests pour employer des conseillers indépendants, en partie rémunérés par des commissions. Il s’agit d’une expérience inédite en France.