L'endettement des entreprises, une préoccupation majeure pour les banques

La hausse de l’endettement des entreprises françaises liée à la crise sanitaire inquiète les banques. Pour soulager leurs bilans, plusieurs établissements proposent de redistribuer une partie des prêts garantis par l’État sous forme de titres de créances sur les marchés.

100 milliards d’euros de PGE accordés aux entreprises françaises

Près de 100 milliards d’euros de prêts garantis par l’État (sur une enveloppe de 300 milliards d’euros) ont été accordés aux entreprises françaises, selon les données du ministère de l’Économie et des Finances. Le géant français du câble Nexans, figure parmi les dernières sociétés à avoir bénéficié de ce dispositif, avec la signature d’un PGE de 280 millions d’euros. Le fabricant rejoint ainsi une dizaine d’autres grandes entreprises, dont Renault ou encore Air France.

Les groupes mutualistes sont ceux qui proposent le plus de PGE, avec plus de 70 % de parts de marché cumulées. Plus précisément, BPCE représente environ 25,8 % des montants accordés (22,5 milliards d’euros), suivi du Crédit Agricole (20,5 milliards d’euros), du Crédit Mutuel (18,9 milliards d’euros), de Société Générale (12,2 milliards d’euros) et de BNP Paribas (11,4 milliards d’euros), selon les données déclarées par les établissements. Ces montants devraient être amenés à progresser au fur et à mesure de l’instruction des demandes en cours d’examen. En effet, le taux de refus des demandes de PGE reste très faible, à 2,5 %.

Les banques veulent alléger leurs bilans

Dans son dernier rapport trimestriel, la Banque de France évoque des risques de tensions sur les bilans des banques avec la hausse de la dette des entreprises. Le risque de faillite de ces dernières pourrait, par ricochet, « augmenter les créances douteuses des banques », prévient l’institution. Face à la masse de PGE accordés, les prêteurs se demandent comment ils pourraient transférer une partie du risque de non-remboursement aux marchés.

Si théoriquement, les prêts garantis à hauteur de 70 à 90 % par l’État ne leur coûtent quasiment rien en fonds propres, certaines banques anticipent une explosion des faillites d’entreprises et des impayés et voudraient en redistribuer une partie sous forme de titres de créances. Les pouvoirs publics se montrent néanmoins réservés sur cette pratique. Le ministère indique qu’à ce jour, aucun projet de titrisation de PGE n’est à l’étude. De même, l’option de « bad bank » n’est pas envisagée.

Par ailleurs, la question de la garantie d’État se pose dans le cadre de la titrisation. Les textes sont clairs sur le sujet : « La garantie de l’État est octroyée aux établissements de crédit ou sociétés de financement qui consentent les prêts. Elle ne peut pas bénéficier à d’autres acteurs ». Autre obstacle auquel se heurtent les banques : la profondeur de ce marché qui est encore faible.