Les banques craignent une explosion des impayés de crédits à la consommation

Le marché du crédit à la consommation est à l’arrêt : après un recul de 25 % en mars, la production a chuté de 68 % en avril. Les banques redoutent une explosion des impayés à la rentrée et mettent en place des outils pour accompagner leurs clients en difficultés.

Un effondrement du marché d’une ampleur inégalée depuis 2006

Depuis le début de l’année, les Français boudent le crédit à la consommation. Selon l’Association des sociétés financières (ASF), le marché enregistre un effondrement d’une ampleur inégalée. La baisse a atteint 22 % en 5 mois.

Plus précisément, c’est le crédit auto qui tire le marché vers le bas, avec un repli de 39 % en mars et une production qui chute de près de 90 %, soit 10 fois moins que l’année précédente. Du côté des prêts personnels, la baisse atteint 67 % en avril, contre 21 % en mars. Les prêts liés à l’amélioration de l’habitat et aux biens d’équipement sont moins impactés, avec une baisse à 31 %.

La crise sanitaire a ainsi brisé l’élan du crédit à la consommation qui connaissait depuis 5 ans, une embellie en France.

Multiplication des dispositifs de report d’échéances

Si les impayés n’augmentent pas pour l’instant c’est grâce aux mesures mises en place par les banques. En effet, les prêteurs se sont montrés particulièrement souples en proposant des dispositifs de report d’échéances le plus souvent sans frais, et parfois en dehors des conditions contractuelles.

Preuve que le confinement a lourdement impacté le marché : en mars, la Banque de France a enregistré un recours inhabituel à la renégociation des crédits conso (14 % de la production).

Vers une vague d’impayés en septembre ?

La rentrée s’annonce délicate pour les établissements bancaires qui craignent une vague d’impayés. Les banques devront alors concentrer leurs efforts sur les meilleurs dossiers, comme c’est le cas pour les crédits immobiliers.

La France n’est pas la seule à constater des signaux de fragilité sur ce marché. Aux États-Unis, de nombreux ménages privés d’emplois ont négocié des délais de paiement pour rembourser leur prêt ou suspendre leurs mensualités. Plus de 3,5 % des crédits auto signalaient une difficulté financière en avril, selon un indicateur de la société de données sur le crédit TransUnion. Le taux grimpe à 5 % pour les crédits immobiliers sur la même période. En Allemagne, pour faire face aux effets de la pandémie sur l’économie, le gouvernement avait imposé un moratoire de 3 mois, jusqu’au 30 juin, sur tous les crédits à la consommation contractés par les particuliers avant le 15 mars.