La crise du coronavirus sème le trouble au sein des banques françaises

L’économie va mettre du temps à se remettre de la pandémie de coronavirus, a prévenu la Banque de France le 9 juin dernier. À ce stade, les grandes banques françaises se préparent en augmentant significativement leurs provisions. Mais cela sera-t-il suffisant pour leur permettre de résister à la crise ?

La Banque de France anticipe une chute de 10 % du PIB en 2020

Les prévisions annoncées par la Banque de France sont assez proches de celles du gouvernement. L’institution anticipe un recul du PIB de l’ordre de 10 % en 2020 en raison du confinement lié à la pandémie de Covid-19 alors que Bercy mise sur une baisse de 11 %. Selon la banque centrale, cette année incertaine sera suivie d’un rebond de 6,9 % en 2021. Il faudrait donc attendre 2022 pour retrouver une activité similaire à celle de fin 2019.

Pour l’instant, l’État tente d’absorber le choc avec la mise en place du dispositif de chômage partiel, de différentes aides et garanties publiques de prêts aux entreprises. Depuis fin mars, plus de 500 000 entreprises ont bénéficié d’un prêt garanti par l’État (PGE) et 85 milliards d’euros ont déjà été distribués à celles ayant un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros, précise Bpifrance. Face à la crise, les banques n’ont jamais été autant sollicitées.

Plus de 1,5 milliard d’euros de provisions supplémentaires

Les 4 grandes banques françaises cotées ont connu un premier trimestre difficile. Société Générale, grevée par sa banque de financement et d’investissement, a essuyé une perte de 326 millions d’euros. BNP Paribas et Crédit Agricole affichent des bénéfices confortables (respectivement 1,3 milliard et 908 millions d’euros), mais en baisse de 33 % pour chacun. C’est également le cas de BPCE.

Pour faire face à la crise du Covid-19 et à la hausse de leur coût du risque, les banques ont passé plus de 1,5 milliard d’euros de provisions supplémentaires. Ces provisions ne correspondent pas à une augmentation réelle des incidents de paiement, mais à une estimation des défauts à venir.

Les dérivés d’actions touchés de plein fouet

La volatilité historique du mois de mars a lourdement impacté les activités de marché des banques françaises. Alors que les banques américaines ont vu leurs revenus dans les métiers actions s’envoler au premier trimestre, ce n’est pas le cas des établissements français où ceux-ci ont plongé de -1,4 milliard d’euros. L’annulation des versements de dividendes a participé à la chute brutale de la valeur des produits dérivés d’actions.

Ces déconvenues ont amené certaines banques à revoir leur stratégie. Société Générale va par exemple « simplifier son offre » et Natixis s’interroge sur ces futures actions dans les dérivés. En revanche, BNP Paribas n’a rien prévu de tel.