Le prêt garanti par l’État, véritable soutien ou bombe à retardement ?

Depuis le début de la crise du coronavirus, le gouvernement a mis en place un dispositif exceptionnel d’aide aux entreprises à travers le prêt garanti par l’État (PGE). À ce jour, 550 000 entreprises, en majorité des TPE, ont déposé un dossier de demande de prêt. Comment fonctionne ce dispositif ? Est-ce une véritable solution pour les entreprises, ou une bombe à retardement risquant de les mettre en situation de surendettement ?

Comment fonctionne le dispositif de prêts garantis par l’État ?

Ces prêts de trésorerie sont garantis par l’État à hauteur de 70 à 90 %, selon la taille de l’entreprise. Ils offrent donc aux banques des garanties maximales, puisqu’en cas de non-paiement de l’emprunteur, c’est l’État qui prend en charge la majeure partie des sommes à rembourser. À l’échelle du pays, ce sont 300 milliards d’euros de crédits qui peuvent ainsi être garantis par l’État, soit l’équivalent de près de 15 % du produit intérieur brut (PIB) de la France. Ce dispositif restera en place jusqu’au 31 décembre 2020.

Concrètement, la demande de PGE peut être faite par toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur forme juridique. Toutefois, certaines sociétés civiles immobilières (SCI), les sociétés de financement et les établissements de crédit ne sont pas inclus dans ce dispositif. Le montant du prêt peut être équivalent à trois mois du chiffre d’affaires de 2019, ou à deux années de masse salariale pour les entreprises innovantes ou créées depuis le 1er janvier 2019.

Aucun remboursement n’est réclamé la première année, et les mensualités peuvent s’étaler sur une durée maximale de cinq ans. Le dispositif semble donc idéal pour soutenir la trésorerie des entreprises mises en difficulté par la pandémie et les mesures de confinement.

Véritable soutien ou bombe à retardement ?

Toutefois, le dispositif des prêts garantis par l’État ne représente qu’une facilité de trésorerie ponctuelle qu’il faudra dans tous les cas rembourser. Or, de nombreux secteurs seront probablement touchés durablement par la crise, et le risque de surendettement est réel. D’autant plus que ces dernières années, avant même la crise du coronavirus, le taux d’endettement des entreprises françaises n’a cessé d’augmenter, notamment en raison des taux bas de la Banque centrale européenne.

Le risque de faillites dans les mois et les années à venir est donc bien réel, et certaines grandes enseignes ont déjà mis la clé sous la porte. Pour autant, ces mesures d’urgence étaient nécessaires, tout comme les reports de charge et le dispositif du chômage partiel. Reste que si elles ont permis de limiter les dégâts immédiats, elles ne suffiront pas à éviter l’onde de choc et les nombreuses restructurations à venir.