Christine Lagarde propose de moderniser le Pacte de stabilité et de croissance

La présidente de la BCE a réagi à la proposition faite le 18 mai dernier par les dirigeants français et allemand. Elle appelle le Conseil européen à « être à la hauteur de la gravité du dommage économique et de la souffrance sociale ».

Un plan de relance qui témoigne de « l’esprit de solidarité et de responsabilité »

Après plusieurs semaines de discussions, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont annoncé la création d’un plan de 500 milliards d’euros pour limiter l’impact de la pandémie de coronavirus sur l’économie européenne. L’argent obtenu grâce à des emprunts émis par la Commission européenne sur les marchés au nom des 27 États membres leur sera reversé sous forme de « dépenses budgétaires » destinées aux secteurs et régions les plus touchés.

« Cela témoigne de l’esprit de solidarité et de responsabilité évoqué récemment par la chancelière allemande », déclare Christine Lagarde dans une interview accordée à quatre médias européens. « Il ne peut y avoir de renforcement de la solidarité financière sans une plus grande coordination de décisions au niveau européen », ajoute-t-elle.

Moderniser le Pacte de stabilité et de croissance

La Banque centrale européenne prévoit plusieurs scénarios avec une récession comprise entre 5 et 12 % pour la zone euro cette année. L’institution anticipe, dans le scénario le plus sévère, une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 15 % sur le 2e trimestre.

Selon Christine Lagarde, la crise sanitaire traversée par les États européens « est une bonne occasion de moderniser les modalités du Pacte de stabilité et de croissance », également connu sous le nom de « critères de Maastricht », suspendu depuis le 20 mars. Elle suggère notamment de réexaminer les propositions innovantes déjà formulées par le Fonds monétaire international (FMI). L’une des méthodes proposées consiste à prendre en compte non pas le solde budgétaire brut, mais le solde primaire représentant l’équilibre budgétaire hors impact de la conjoncture.

Pour rappel, le Pacte de stabilité et de croissance comporte deux types de dispositions : la surveillance multilatérale et la procédure des déficits excessifs qui est déclenchée dès lors que les déficits publics cumulés par les administrations publiques dépassent le seuil des 3 % du PIB (sauf circonstances exceptionnelles).

De son côté, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, souhaite que les règles du PSC soient également suspendues en 2021 face à l’ampleur de la crise du Covid-19. Il n’a toutefois pas pris en compte la proposition faite par la présidente de la BCE. « L’Europe ne peut pas être construite sur les seuls intérêts nationaux, elle ne peut être construite que sur la solidarité », a indiqué le ministre dans un entretien.