Le recours à la médiation du crédit s'accélère avec la crise du Covid-19

Les données récemment publiées par la Banque de France montrent que le nombre de dossiers jugés éligibles au mois d’avril représente le double de celui enregistré sur l’ensemble de l’année 2019. De nombreuses TPE/PME voient leur situation financière se dégrader suite à la mise en place du confinement.

Le nombre de dossiers dépasse le niveau de l’année 2019

La médiation du crédit a été créée en 2008 pendant la crise financière pour soutenir les entreprises qui se voyaient refuser un financement par les banques. La pandémie de coronavirus a fait exploser les saisines. En effet, selon les données de la Banque de France, 1 428 dossiers ont été jugés éligibles depuis le 6 avril en France alors qu’en 2019, la médiation du crédit avait reçu 1 005 dossiers. L’organisme enregistre ainsi une accélération du rythme, de 159 demandes éligibles par jour actuellement. La journée du 16 avril a été particulièrement chargée, avec 221 saisines.

Les demandeurs sont surtout des TPE et des PME qui se voient refuser des prêts garantis par l’État (PGE).Mais si jusqu’à maintenant les banques éliminaient la quasi-totalité des mauvais dossiers en se cachant derrière l’excuse des mauvaises notes de la Banque de France, Bercy leur a demandé de les étudier plus sérieusement. Cela signifie qu’elles ne pourront désormais plus rejeter d’emblée les dossiers mal notés.

Les TPE sont les plus touchées

Le gouverneur de la Banque de France précise que les entreprises les plus en difficulté sont les TPE (moins de 10 salariés). Les secteurs qui saisissent le plus la médiation du crédit sont les services, le commerce, l’hébergement, la restauration et le bâtiment. Une progression des saisines avait déjà été observée ces dernières années dans l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail. Ces professions sont aujourd’hui particulièrement exposées aux conséquences du confinement.

Ainsi, la médiation du crédit n’a jamais été autant sollicitée en France alors que de plus en plus d’entreprises peinent à trouver des financements face à la crise économique. L’institution précise qu’un grand nombre de cas ont porté sur « les demandes habituelles de dénonciations de découverts, de refus d’augmentations de crédits de trésorerie ou de difficultés liées à des reports d’échéances de crédits ». Elle se veut toutefois rassurante en indiquant qu’il y a de la trésorerie « pour tout le monde ».

La Commission européenne devrait prochainement proposer un assouplissement des règles comptables imposées aux banques européennes dans l’objectif de libérer des capitaux et faciliter l’octroi de crédits aux entreprises. Valdis Dombrovskis, le commissaire européen aux Services financiers, a déclaré fin avril que les banques devaient « profiter autant que possible de la flexibilité offerte par la réglementation en matière de solvabilité ».