Les banques sont-elles suffisamment solides pour traverser la crise sanitaire actuelle ?

Si la crise actuelle et celle de 2008 sont de nature différente, toutes deux entraînent un risque de paralysie majeur de l’économie. Les banques se trouvent en première ligne pour lutter contre les effets de la pandémie de coronavirus et doivent pleinement jouer leur rôle de prêteur.

Les banques autorisées à ramener à zéro leur coussin de fonds propres

Le 12 mars dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a pris une mesure capitale en assouplissant les exigences de fonds propres imposées aux banques. Cette prise de décision rapide et collective n’aurait pu avoir lieu sans l’existence de l’Union bancaire. Construite par les pays européens en réaction à la crise de 2008, l’Union bancaire européenne repose sur quatre principaux piliers : le règlement uniforme, un mécanisme de supervision unique, un mécanisme de résolution unique et le système européen de garanties des dépôts.

Plus précisément, la BCE a autorisé les banques à opérer temporairement en dessous des exigences de fonds propres et de liquidités en vigueur afin qu’elles puissent « continuer à jouer leur rôle dans le financement de l’économie réelle », est-il précisé dans un communiqué. Le coussin de fonds propres bancaires « contra-cyclique » a été ramené à zéro, un geste qui permettra selon Bercy d’injecter près de 8 milliards d’euros dans l’économie.

Un plan d’urgence pour contenir les répercussions de la pandémie

Pour limiter les effets de la crise sanitaire actuelle sur l’économie, la BCE a annoncé un plan d’urgence de 750 milliards d’euros destinés à des rachats de dettes publiques et privées. Ce programme de rachat d’urgence qui sera réalisé d’ici la fin de l’année s’ajoute à une enveloppe de 120 milliards d’euros débloquée le 12 mars. En rachetant massivement les dettes des États et des entreprises, la Banque centrale européenne espère ainsi soulager les banques, soutenir la production et l’emploi.

De son côté, la Réserve fédérale américaine (FED) a été encore plus loin qu’en 2008-2009 en annonçant fin mars des rachats sans limite de toutes sortes de créances publiques et en se préparant également à racheter les créances d’États américains, de collectivités locales et d’entreprises privées.

En Chine, la Banque populaire de Chine (BOC) a surpris en baissant ce 30 mars son taux de prise en pension inversée à 7 jours de 2,40 % à 2,20 %. Ces taux sont appliqués par les banques centrales pour alimenter les banques commerciales en liquidités via des accords de rachat à court terme. Une annonce qui intervient alors que la pandémie semble se ralentir sur le territoire. En effet, pour la première fois depuis 3 mois, au 7 avril, la Chine ne recensait aucun nouveau décès du Covid-19 au cours des dernières 24 heures.

Compte tenu des mesures inédites mises en place, tout porte à croire que les banques commerciales sont suffisamment solides pour mener à bien leur mission et faire face à la pandémie de coronavirus.