Contrôle des risques : la BCE tape du poing sur la table

Depuis quelques années, la BCE (Banque centrale européenne) a demandé aux banques de modifier leurs priorités, de doubler leurs fonds propres et surtout de se débarrasser de plusieurs centaines de milliards d’euros de crédits impayés. Même si ce bilan est en partie corrigé aujourd’hui, cela ne suffit pas et la BCE pointe du doigt un chantier en suspens : la gouvernance et les contrôles internes des risques.

Les risques dans le secteur bancaire

La BCE tape du poing sur la table une nouvelle fois, car elle a détecté de nombreuses défaillances qui mènent à de nouvelles exigences en matière de fonds propres et plusieurs faiblesses dans les fonctions de contrôle interne de la gestion des risques.

Concrètement, l’activité principale d’une banque se développe autour d’une acceptation de prêt d’argent contre une forme de rémunération, à savoir les intérêts. Cela est constitutif d'un risque, celui du non-remboursement du prêt et de ses intérêts. Ainsi, les banques cherchent à la fois à encadrer les risques souhaités et pris en toute conscience, mais également à limiter les risques sur lesquels aucune rémunération n’est attendue.

La BCE vise 6 banques européennes

Alors que la BCE a décidé de placer les bilans des établissements bancaires sous sa surveillance afin d’identifier d’éventuelles défaillances, elle se concentre chaque année sur la situation des banques européennes en matière de besoin, de gestion en fonds propres et des risques par l’intermédiaire du Processus de surveillance et d’évaluation prudentiel (Srep : Supervisory Review and EvaluationProcess).

Or, comme l’a indiqué récemment la BCE, la plupart des banques européennes disposent d’un coefficient de solidité appelé Cet1 supérieur aux exigences globales. Toutefois, 6 des 109 banques qui sont intégrées dans le cycle Srep 2019 affichent des niveaux de Cet1 inférieurs aux exigences demandées. C’est ainsi que la BCE a décidé de signaler cette carence.

Considérant que ces 6 banques n’ont pas pris les mesures nécessaires et satisfaisantes au cours du dernier trimestre 2019, la BCE leur a tout simplement envoyé une lettre dans laquelle elle demande des actions à mettre en place très rapidement afin de corriger ce score. Il faut remarquer que les noms de ces 6 institutions bancaires n’ont pas été dévoilés. À ce jour, quatre de ces banques ont su résorber le déficit à la fin de l’exercice 2019, mais deux doivent toujours adopter des mesures efficientes dans un délai défini.

Surveiller de près les risques pris par les banques

Non seulement la gestion en fonds propres n’est pas toujours au rendez-vous pour certains établissements, mais la BCE a tenu également à souligner que les contrôles et les procédures en matière de prévention de blanchiment de capitaux sont insuffisants. On parle de la même manière de la cybersécurité qui reste un chantier sur lequel les banques doivent faire un réel effort.

Cet exercice de jugulation et surveillance des banques européennes permet à la BCE de situer les établissements entre eux. Pour les banques françaises a fortiori, les exigences en matière de fonds propres vont de 1,25 % pour BNP Paribas à 3 % pour HSBC France en passant par 1,5 % pour le Crédit Agricole, 1,75 % pour la BPCE et la CNCM, et 2 % pour la Banque Postale.