Ukraine : la France moins exposée à la flambée des prix que ses voisins

Si toutes les économies occidentales vont être impactées par la guerre en Ukraine et les sanctions économiques infligées à la Russie, certaines sont moins exposées que d’autres à la flambée des prix. C’est le cas de la France, plus à l’abri que ses voisins, qui a fait le choix du mix énergétique, et dont les relations commerciales avec la Russie sont réduites.

La Russie, au 14ème rang des clients de la France

Si les relations commerciales unissant la France et la Russie sont anciennes, elles ne sont désormais plus aussi importantes que par le passé. Alors que les exportations vers la Russie représentent 2 % du PIB de l’Allemagne, elles pèsent moins de 1 % du PIB de la France.

En 2019, les entreprises françaises ont exporté 5,6 milliards d’euros de biens et de services vers la Russie. En 2021, les exportations vers la Russie représentaient seulement 1,3 % des ventes françaises à l’étranger, soit 6,4 milliards d’euros.

De plus, seul le secteur de l’aéronautique, et plus précisément Airbus, réalise plus de 1 milliard d’euros d’exportations à destination de la Russie. Les exportations des autres secteurs, à savoir la pharmacie, les parfums, la chimie et l’automobile sont plus limitées.

En ce qui concerne les importations en provenance de Russie, elles se limitent quasi exclusivement à l’énergie. En 2021, les hydrocarbures et le pétrole raffiné représentaient 74 % des importations, dont le montant total s’élevait à 9,7 milliards d’euros.

Aujourd’hui, la Russie se classe à la 14ème place des clients de la France, et à la 17ème place de ses fournisseurs. Le stock d’investissements directs (IDE) tricolores en Russie ne représente que 1,5 % du stock total à l’étranger.

Le choix du mix énergétique

Par ailleurs, le choix du mix énergétique met la France plus à l’abri que ses voisins de la zone euro des conséquences économiques de la guerre. En ayant opté majoritairement pour le nucléaire, suivi du pétrole, du gaz, des énergies renouvelables et du charbon, la France n’est pas aussi dépendante du gaz russe que l’Allemagne par exemple.

Le gaz représente 27 % des besoins énergétiques de l’Allemagne, contre 16 % pour l’Hexagone. De plus, le gaz russe ne représente qu’une faible part des achats de la France, 2,8 % selon Eurostat, contre 18 % pour l’Italie et 17 % pour l’Allemagne.

Toutes ces données, associées à l’importante régulation du marché de l’électricité en France, expliquent que cette dernière n’ait pas subi un choc énergétique aussi important que celui observé dans les autres pays européens, d’autant qu’avant même le début de la guerre en Ukraine, le gouvernement avait pris des mesures pour que les consommateurs ne subissent pas une hausse brutale de leurs factures de gaz et d’électricité.

Certes, la France n’échappera pas pour autant à une nouvelle progression de l’inflation, qui pourrait rapidement atteindre 4 %, contre 3,6 % au mois de février. Mais la hausse des prix devrait, selon les économistes, être plus contenue que dans d’autres pays de la zone euro.

 

L’inflation et la guerre en Ukraine risquent de limiter la croissance de tous les pays européens, même s’il est encore difficile de faire des projections. L’investissement des entreprises, mais aussi celui des ménages ainsi que leur consommation, qui sont des moteurs pour l’économie française, vont probablement être affectés.

Toutefois, la France part avec un avantage : un acquis de croissance de 2,4 %. D’après certains économistes, l’inflation et la guerre en Ukraine pourraient coûter à l’Hexagone entre 0,7 et 1 point de PIB.