Royaume-Uni : controverse sur le montant de la fraude aux PGE

Au Royaume-Uni, la polémique liée à la fraude aux prêts garantis par l’État prend de l’ampleur. Plusieurs milliards de livres auraient été versés à des fraudeurs, et le contrôleur des comptes britanniques juge insuffisantes les mesures mises en place par le gouvernement pour recouvrer une partie de ces fonds. Theodore Agnew, le secrétaire d’État à la lutte contre la fraude, vient de démissionner.

Le succès des prêts de rebond, accordés en 48 heures

Parmi les différentes aides gouvernementales mises en place au Royaume-Uni durant la pandémie, les prêts garantis par l’État ont connu un franc succès. Un dispositif a particulièrement séduit les entreprises : les prêts dits « de rebond », destinés aux petites entreprises et bénéficiant d’une garantie de l’État de 100 %.

Ce dispositif, appelé « Bounce Back Loan », a été mis en place dès le mois d’avril 2020, pour pallier la lenteur des démarches nécessaires à l’obtention d’un prêt garanti suivant le schéma classique. Le montant du prêt pouvait atteindre jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires des entreprises, dans la limite de 50 000 livres.

Surtout, ces prêts de rebond avaient la spécificité d’être très rapides à obtenir, dans un délai de 48 heures seulement. Le succès de ce dispositif a été rapide et massif : de nombreux prêts de rebond ont été accordés entre avril 2020 et mars 2021, pour un montant total de 47 milliards de livres.

Le National Audit Office pointe les défaillances du gouvernement

Toutefois, au mois de décembre 2021, le contrôleur des comptes britanniques, le National Audit Office, qui joue un rôle équivalent à celui de la Cour des comptes, a tiré la sonnette d’alarme.

Dans son rapport, le National Audit Office estime que 17 milliards de livres mis à disposition dans le cadre des prêts de rebond garantis par l’État ne seront pas remboursés. Pire : parmi ces 17 milliards de livres, 4,9 milliards auraient été accordés pour des prêts frauduleux.

Selon le rapport du National Audit Office « The Bounce Back Loan Scheme », le gouvernement britannique aurait « priorisé la vitesse de paiement » au détriment de la sécurité. Par ailleurs, le NAO estime que les mesures de lutte contre la fraude ont été mises en place trop lentement pour être efficaces, et juge « inadéquates » les mesures prises pour recouvrer une partie de ces fonds.

Lundi, le secrétaire d’État à la lutte contre la fraude, Theodore Agnew, a démissionné, estimant le gouvernement incapable de prendre les mesures nécessaires pour contrer les fraudeurs. D’après lui, « des erreurs de niveau d’écolier en primaire ont été commises » : il a notamment évoqué le fait que 1 000 entreprises ont pu obtenir un prêt garanti par l’État, alors qu’elles n’étaient même pas en activité.

 

Les banques britanniques redoutent de se retrouver au centre des critiques et d’être tenues pour responsables de ces défaillances. Certains parlementaires ont d’ores et déjà demandé la révocation de la garantie de l’État, lorsque les prêts ont été accordés sans que les banques ne prennent de mesures suffisantes pour éviter la fraude.

De son côté, Rishi Sunak, le ministre des Finances, a réagi aux critiques en défendant l’action du gouvernement. Sur son compte Twitter, il a assuré que le maximum serait fait pour recouvrer ces sommes et poursuivre « ceux qui ont tiré profit de la pandémie ».