Les banques européennes relèguent encore les femmes au second plan

D’après une étude de l’agence de presse Reuters, publiée à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les grandes banques européennes ont encore un long chemin à parcourir pour atteindre la parité, l’égalité femmes-hommes au sein des plus hautes instances.

Une culture masculine du travail dans le secteur bancaire

Comme le rappelle Reuters en introduction de son étude « At the top of Europe's banks, it's still a man's world », les 25 plus grandes banques européennes en termes d’actifs ont connu, durant ces deux dernières années, 22 changements de président et de directeur général.

Sur ces 22 postes, un seul a été attribué à une femme, Alison Rose, à la tête de la banque britannique NatWest, tandis que les conseils d’administration de deux autres banques européennes, la banque néerlandaise Rabobank et la banque espagnole Santander, sont présidés par une femme.

Pour mener cette étude, l’agence de presse Reuters a interrogé de nombreux spécialistes, à savoir des universitaires, des investisseurs, des membres des conseils d’administration et des cadres supérieurs.

Selon eux, l’un des principaux obstacles à la parité au sein des postes à responsabilité n’est autre que la culture du travail, qui a été façonnée par des hommes et pensée pour eux. Cette culture masculine du travail se traduit notamment par la valorisation des employés qui restent tard le soir au bureau, ce qui est souvent impossible pour les femmes, qui sont contraintes de rentrer pour s’occuper des enfants faute d’une répartition égale des tâches.

Banques européennes : l’utilité des quotas et la nécessité d’un changement de mentalité

L’étude de Reuters révèle également que les femmes sont plus nombreuses dans les équipes de direction élargies, comptant entre 10 et 20 cadres supérieurs supervisés par le PDG de la banque. Les femmes représentent 25 % des effectifs de ces équipes européennes, moins que dans les 8 plus grandes banques américaines où la proportion est de 30 %.

Dans les banques européennes, le poste de direction où l’on retrouve le plus de femmes est celui des ressources humaines. Problème : le poste de direction des ressources humaines constitue rarement un tremplin vers celui de PDG, le niveau d’expérience opérationnelle n’étant pas le même.

Si les femmes sont davantage présentes au sein des conseils d’administration, c’est avant tout grâce à l’existence de textes juridiques qui imposent des quotas. Ainsi en France, la loi Copé-Zimmermann, votée le 20 janvier 2011, exige une proportion minimum de 40 % de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance, ce qui a permis aux entreprises françaises de passer devant l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède.

Les entreprises tricolores comptent aujourd’hui 45,6 % de femmes dans les conseils d’administration, contre une moyenne de 37 % dans le reste de l’Europe et aux États-Unis.

Mi-décembre, une nouvelle loi a été votée par les parlementaires français : elle imposera aux entreprises un quota de 30 % de femmes dans les instances dirigeantes à l’horizon 2027, puis de 40 % en 2030.

Interrogé par Reuters, le PDG du groupe bancaire italien UniCredit, Andrea Orcel, reconnaît que les banques européennes doivent évoluer. Selon lui, cette évolution ne passera pas par l’établissement de quotas, mais par « un changement de culture fondamental » au sein des entreprises.

Sur les 25 banques étudiées par Reuters, UniCredit est celle qui a le plus progressé sur le plan de l’égalité femmes-hommes. Alors que les instances dirigeantes du groupe italien ne comptaient que 4 % de femmes en 2019, elles s’approchent désormais de la parité, avec une proportion de 40 % de femmes. Signe, selon Elena Carletti, membre du conseil d’administration d’UniCredit, que la volonté permet d’opérer de profonds et rapides changements.