La concurrence permet au secteur financier de faire des progrès

Dans le secteur de la finance, pourtant très réglementé, comme dans tant d’autres secteurs d’activité, l’existence de la concurrence peut être source de progrès. Découvrez quelques innovations motivées par la concurrence.

La suppression du questionnaire de santé par le Crédit Mutuel

La récente décision du Crédit Mutuel de supprimer le questionnaire de santé pour ses clients les plus fidèles, un document jusqu’ici obligatoire pour obtenir une assurance emprunteur, est l’illustration même des innovations rendues possibles dans la finance grâce à l’existence de la concurrence.

La banque mutualiste est la première en France à prendre une telle décision, et entend bien utiliser cette initiative pour se démarquer des autres établissements bancaires. Certes, la suppression du questionnaire de santé ne s’appliquera qu’aux clients ayant domicilié leurs revenus au Crédit Mutuel ou au CIC depuis au moins 7 ans, âgés de moins de 62 ans et empruntant moins de 500 000 euros.

 

Malgré ces conditions, qui sont tout de même remplies par 97 % des dossiers de prêts déposés au Crédit Mutuel, d’après son président Nicolas Théry, il s’agit d’une innovation dans le paysage bancaire français, qui pourrait bien faire des émules. La généralisation de cette mesure serait une réelle avancée pour toutes les personnes bloquées dans leurs projets immobiliers en raison de leurs antécédents ou de leur état de santé actuel.

 

Chine et Italie : quand la concurrence est synonyme de progrès

Cette innovation, motivée par la concurrence, ne serait pas la première à permettre à la finance de progresser. Plusieurs économistes se sont récemment penchés sur les effets de la concurrence dans ce secteur, concluant tous leurs études en soulignant ses bénéfices.

3 chercheurs des universités de Pékin, de New York et de Stanford, Jiayin Hu, Shang-Jin Wei et Greg Buchak, ont ainsi analysé l’impact de l’arrivée en 2013 de Yu'ebao sur le marché chinois, un fonds de placement porté par Alipay, la solution de paiements du géant Alibaba.

Ce nouveau service a connu un succès phénoménal, avec l’équivalent de 20 milliards d’euros placés par 40 millions de clients chinois en l’espace de 6 mois. En 4 ans, 140 milliards d’euros ont été investis, faisant de Yu'ebao le n° 1 mondial des fonds monétaires.

Pour faire face à cette concurrence, les banques chinoises ont lancé à leur tour leurs offres de fonds de placement monétaire, ce qui au final a bénéficié aux clients sans nuire à la performance des établissements bancaires.

3 économistes italiens, rattachés à la Banque centrale d’Italie et à la Banque centrale européenne, Sara Pinoli, Paola Rossi et Diego Scopelliti, et un chercheur de l’université de Zurich, Steven Ongena, ont quant à eux étudié l’impact d’une décision prise en 2012 par le gouvernement italien. Ce dernier avait alors autorisé les PME non cotées en Bourse à émettre des « mini-obligations ».

4 ans plus tard, 13 millions d’euros de mini-obligations avaient été émises par une centaine de PME, ce qui avait certes un cout, mais a également permis aux PME d’augmenter leurs ressources et d’obtenir des prêts bancaires à des taux plus intéressants. Cet exemple illustre donc, lui aussi, les améliorations dont peut être porteuse la concurrence, et les innovations qui découlent de son existence.