Les services informatiques adoptent massivement le télétravail

En France, jusqu’à l’actuelle crise du Covid-19, le télétravail était peu pratiqué. Pourtant, il semble avoir un impact positif sur les performances des entreprises et le bien-être des salariés. Dans le secteur du numérique, plusieurs acteurs dont Capgemini, Sopra-Steria ou encore Atos y voient un levier de rentabilité.

Un taux d’activité amélioré

Le mode de travail des ingénieurs informatique ne sera définitivement plus le même depuis l’apparition du virus. En effet, les entreprises de services du numérique (ESN) estiment que le télétravail pourrait accroître leurs marges opérationnelles et envisagent d’y recourir plus régulièrement.

Chez Capgemini par exemple, l’organisation reposera sur 40 à 50 % de travail à distance après la crise, contre 90 % aujourd’hui en raison des contraintes sanitaires, selon ses dirigeants. Le recours à ce mode de travail permet au géant informatique français de réaliser des économies de coûts liées à l’immobilier de bureau, mais aussi de gagner en agilité. Dans certaines villes plus durement touchées par la crise, l’entreprise peut ainsi réorienter ses ingénieurs « avec de la formation pour faire du télétravail sur d’autres clients et sur d’autres zones », souligne son directeur général, Aiman Ezzat.

Le télétravail contribue donc à améliorer le taux d’activité des consultants qui constitue une variable majeure de la marge. Dans une étude récente, les analystes d’Invest Securities estiment un gain potentiel à terme de 1 à 1,5 point sur le taux de marge. Un consultant peut désormais être placé en mission chez un client en France ou l’étranger sans avoir à se déplacer.

Télétravail : quelles limites pour les services informatiques ?

Malgré les avantages qu’il présente, le télétravail a ses limites. Dans les colonnes du journal Les Echos, Vincent Paris, directeur général de Sopra-Steria considère que s’il apporte indéniablement de la fluidité pour les organisations en permettant de mobiliser des experts à l’international, il « ne conviendra pas de la même façon à un jeune embauché qu’à un cadre qui connaît la culture de l’entreprise depuis vingt ans ». De même, Atos y voit des gains potentiellement significatifs de marge, mais se méfie de la barrière de la langue qui constitue un obstacle majeur à l’échelle internationale.

De manière générale, les dirigeants d’ESN estiment que le télétravail se prête à certaines sociétés, mais pas à toutes. Effectivement, des PME de proximité sont spécialisées dans des métiers pour lequel ce modèle d’organisation à distance ne s’applique pas. C’est par exemple le cas des opérateurs de centres de données. Cela explique la difficulté pour le secteur de se tourner à 100 % en mode télétravail pendant la crise sanitaire.

Lors d’une conférence de presse, le 4 février dernier, Élisabeth Borne, la ministre du Travail, et Jean Castex, le Premier ministre, ont rappelé que le télétravail devait être la règle pour toutes les activités qui le permettent et ont demandé à toutes les entreprises de se mobiliser en urgence.